Séries

Tops des Meilleures Séries 2024 – Ecran Large

Par La rédac
26 décembre 2024
© Canva Amazon Prime Video Netflix Disney+

Quelles sont les meilleures séries de l’année 2024 ? Shōgun, Arcane, The Penguin, Fargo, The Bear, House of the Dragon

En 2023, Ecran Large avait tranché. The Curse, Faux-semblants, Profession : Reporter, Scott Pilgrim prend son envol, Judy Duty, Swarm, la saison 1 de Silo, la saison 1 de La Diplomate, la saison 2 de The Bear, et la saison 4 de Succession faisaient partie de nos séries préférées de l’année, devant quelques autres comme The Last of Us, qui avait partagé l’équipe.

Le temps est venu de dévoiler nos séries préférées de 2024, et cette fois on a décidé d’en choisir quinze parce qu’il y avait beaucoup de réussites cette année. Avec une petite dédicace pour celles qui ont failli y être (Expats, Ceux qui rougissent…).

Voici donc notre top 15 des séries 2024, sans ordre particulier.

Nobody Wants this
Nobody Wants This a failli y être, oui oui

Shogun

  • Sortie : février et mars 2024
  • Durée : 10 épisodes de 1 heures
« Ils parlent dans mon dos » : la série

De quoi ça parle ? Des mésaventures de Jack Blackthorne, pilote maritime échoué sur les rives japonaises. Pour survivre, il va devoir s’adapter aux intrigues politiques locales

Pourquoi ça mérite le détour ? Bien qu’elle soit devenue culte, notamment grâce à son casting comprenant l’immense Toshirō Mifune, la première adaptation du roman de James Clavell (et en définitive le roman lui-même) n’avait pas été accueillie avec le même enthousiasme au Japon. Bien entendu, la nouvelle version commandée par FX dresse un portrait bien plus nuancé et un peu plus impartial des relations houleuses entre un pilote protestant et les Daimyos, dont le fameux Yoshi Toranaga (incroyable Hiroyuki Sanada).

Mais l’objectif de cette épopée techniquement impressionnante est bien sûr bien plus vaste. À l’ère du multiculturalisme, elle organise une lutte de pouvoir archi-complexe et ressasse toutes les nuances de manipulation et d’idéologie qui émanent du choc culturel entre des Occidentaux persuadés d’avoir importé leur conflit à l’autre bout du monde et des locaux à l’identité inébranlable. Chacun des deux camps va tenter de s’appuyer sur l’autre dans des scènes toute en subtilité, où la traduction et les allégeances de la traductrice sont essentielles.

C’est toute la puissance de l’écriture de Shogun : bien qu’il sache ménager des grands moments de spectacle, il sait prendre à rebours ses enjeux au dernier moment pour démontrer toute la cruauté qui transparait dans ces relations humaines factices. Jusqu’à un dernier épisode loin d’être aussi grandiose que le pilote, mais qui révèle justement ce qui se joue derrière les grands discours et les batailles. La meilleure série HBO du moment n’est pas produite par HBO.

The Penguin

  • Sortie : Septembre 2024 sur Max
  • Durée : 8 épisodes d’environ 1h

De quoi ça parle ? Juste après les événements de The Batman, Oz Cobb essaie de prendre le contrôle de Gotham City après la disparition de son ancien boss, Carmine Falcone.

Pourquoi ça mérite le détour ? The Penguin aurait pu n’être qu’une énième parenthèse gadget, ou un ronflant récit de gangsters dans une franchise étendue. C’était sans compter sur la cohérence narrative et thématique du Batverse de Matt Reeves, et la qualité de fabrication toujours aussi exemplaire d’HBO. En changeant la focale sur son super-vilain en devenir, la série réussit à prolonger la réussite de The Batman, où les points de vue s’entrechoquaient dans une ville où chacun se perd derrière ses œillères et ses biais sociaux.

Colin Farrell est monstrueux de charisme dans cette ascension, mais c’est bien Cristin Milioti qui tire son épingle du jeu dans la peau de Sofia Falcone. Le temps d’un flash-back merveilleux, la série opère une bascule essentielle, qui complexifie avec brio les rapports de force et la psychologisation casse-gueule des protagonistes. The Penguin n’oublie pas ses origines du côté des comics, et s’assume en grand opéra tragique sur des personnages trop grands pour ce monde, ponctué par des élans de cruauté et de noirceur salvateurs.

Arcane Saison 2

  • Sortie : Novembre 2024 sur Netflix
  • Durée : 9 épisodes d’environ 40 minutes
Quand tu te rappelles qu’Arcane, c’est fini

De quoi ça parle ? La saison 2 reprend juste après l’attaque de Jinx sur le Conseil. Les conséquences de cet acte seront nombreuses, entre le souffle de révolte qui soulève Zaun et la réponse martiale de Piltover. Au milieu de cette ville toujours plus fracturée et victime des ambitions de chacun, le retour d’une vieille connaissance va de nouveau tout changer pour Jinx et Vi, mais aussi pour Ekko, Jayce, Viktor et Caitlyn, qui devront tous choisir leur camp.

Pourquoi ça mérite le détour ? Même si la seconde saison est malheureusement en deçà de la première, Arcane reste une belle anomalie, et même un petit miracle dans une industrie du divertissement minée par le cynisme, le je-m’en-foutisme, les deadlines infernales, les calendriers ultra serrés, les crunch et autres impératifs financiers. Jamais une série d’animation n’avait eu ce genre de carte blanche (250 millions de dollars pour les 18 épisodes), encore moins un studio d’animation français, ici Fortiche Production, qui s’est donc appliqué à mettre chaque centime et seconde à profit.

La saison 2 est donc un autre laboratoire expérimental, un bijou technique et une pure démonstration de force et de talent devant laquelle on ne peut que s’incliner. On peut même dire qu’Arcane est au petit écran ce que les derniers films d’animation Spider-Man sont au cinéma.
Qui plus est, la saison a beau être une conclusion un peu décevante de toutes les intrigues politiques autour de l’Hextech, de Noxus et de Zaun (sans être honteuse pour autant), l’impact émotionnel est toujours aussi ravageur, de quoi là encore pardonner de bon coeur les quelques maladresses narratives.

The Bear saison 3

  • Sortie : Juillet 2024 sur Disney+
  • Durée : 10 épisodes de 30 à 45 minutes
Quand on peaufine le top

De quoi ça parle ? Sorti du frigo dans lequel il était enfermé, Carmy tente de perfectionner le fonctionnement de son nouveau restaurant.

Pourquoi ça mérite le détour ? Y compris au sein de notre rédaction, certains ont été déçus par la tournure plus lente et introspective de la saison 3 de The Bear, après les monuments de tension qu’ont été ses deux premières saisons virtuoses. Pourtant, cette décélération se révèle d’une part envoûtante, et d’autre part en accord avec l’état mental de personnages toujours plus touchants dans leurs fêlures.

Cette saison est celle de la solitude, du va-et-vient permanent et toxique avec un é traumatique qui empêche d’aller de l’avant. Si l’objectif de base est atteint (ouvrir le restaurant), Carmy s’accroche à l’illusion d’une perfection impossible à tenir, et qui va définir une structure narrative portée sur les limites de la stagnation. L’occasion merveilleuse de se concentrer sur les autres personnages de la série (l’épisode sur Tina, fantastique), mais aussi de développer dès son premier chapitre impressionniste une nouveau rapport à la cuisine et aux tourments de sa troupe désœuvrée. En bref, The Bear, c’est toujours l’une des séries les mieux écrites de la télévision contemporaine.

Disclaimer

  • Sortie : Octobre 2024 sur Apple TV+
  • Durée : 7 épisodes d’environ 45 minutes
Les secrets de la narration et du regard

De quoi ça parle ? Catherine Ravenscroft est une célèbre journaliste d’investigation, qui a enquêté sur les transgressions des autres et s’est attelée à les dénoncer. Sauf qu’un jour, Catherine reçoit le roman d’un auteur anonyme où elle tient le rôle principal et qui révèle l’un de ses plus sombres secrets.

Pourquoi ça mérite le détour ? Disclaimer a des airs de simple thriller psychologique avec son lot de rebondissements tragiques, de trahisons, de mensonges et de secrets. Il y a de la tension, de l’émotion et quelque chose de l’ordre du mélodrame… sur fond d’histoire de vengeance, de drame familial, de deuil, de chagrin, d’amour, de rédemption. Rien de très original sur le papier et pourtant, la série est évidemment un grand tour de force notamment grâce à Alfonso Cuarón.

Le réalisateur de Gravity et Roma a plus d’un tour dans sa manche et au gré de ses personnages, de sa narration, de ses démonstrations… Disclaimer nous balade jusqu’à complètement renverser la table. Là se trouve toute la puissance de la série, cette capacité qu’a le Mexicain à nous confronter à nos propres préjugés, nous obliger à une remise en question fondamentale de la façon dont nos à priori nous gangrènent, voire nous rendent complices des maux du monde et en particulier ceux subis par les femmes.

Grâce à sa mise en scène hors pair et ses prérogatives clairement énoncées, Disclaimer nous trompe et nous prévient au même instant, à la fois au présent et au é, au féminin et au masculin. Tout est sous nos yeux, mais regardons-nous vraiment ce qu’on nous montre ou plutôt ce que l’on veut voir ? En résulte, une œuvre troublante, palpitante, provocatrice, imprévisible et d’une densité salvatrice.

Mon petit renne

  • Sortie : Avril 2024 sur Netflix
  • Durée : 7 épisodes de 30 à 45 minutes
mon petit renne
Piliers de bar

De quoi ça parle ? La vie de Donny Dunn, un barman d’une trentaine d’années, déraille lorsqu’il croise la route de Martha. En lui offrant une simple tassé de thé pour lui remonter le moral, il ne se doute pas qu’il va la toucher à ce point, si bien qu’elle va revenir jour après jour, et que cette simple relation va pour elle virer à l’obsession…

Pourquoi ça mérite le détour ? Mon petit renne est une nouvelle preuve de la capacité de Netflix à transformer une œuvre discrète en énorme phénomène. Sortie de nulle part, cette série repose entièrement sur Richard Gadd, qui adapte ici son one-man show. Créateur, scénariste, producteur et acteur, il raconte une histoire particulièrement déstabilisante et profondément intime, dont la force repose justement sur la manière dont elle révèle ses tenants et aboutissants au fil des péripéties.

Car la simple histoire de harcèlement entre un pauvre homme qui n’a rien demandé et une pauvre femme qui semble tout exiger n’est que la façade extérieure. Au fil des sept épisodes, tandis que se révèlent le futur et le é du personnage, Mon petit renne prend une toute autre dimension. Les rôles se redessinent, la violence se déplace et le véritable sens apparaît, pour révéler un puzzle troublant et inattendu. Le talent de Richard Gadd y est pour beaucoup, et celui des actrices Jessica Gunning et Nava Mau aussi. Une série unique en son genre, à ranger aux côtés de I May Destroy You, de et avec Michaela Coel.

Hippocrate Saison 3

  • Sortie : Novembre 2024 sur Canal+
  • Durée : 6 épisodes de 50 minutes
Hippocrate saison 3
Engagez-vous qu’ils disaient

De quoi ça parle ? De l’hôpital qui va toujours très bien, surtout post-Covid. Chloé, Arben, Alyson et Hugo reprennent malgré eux du service, quitte à désobéir et franchir la ligne rouge.

Pourquoi ça mérite le détour ? Parce que Hippocrate est l’une des meilleures séries de ces dernières années, comme on vous le dit depuis la saison 1. La preuve : la saison 3 a beau être moins bien que les deux précédentes, elle reste absolument excellente, avec un talent extraordinaire à tous les niveaux.

Il y a d’abord le talent d’écriture, avec une nouvelle tempête qui illustre parfaitement les dilemmes moraux et absurdes de ce métier, et des personnages magnifiques qui évoluent dans cette nuit sans fin. La saison 3 est encore une fois menée à tambour battant, toujours avec une pression formidable liée au quasi huis clos.

Il y a évidemment le talent des acteurs et actrices, absolument fantastiques saison après saison – particulièrement Louise Bourgoin et Bouli Lanners, dont les personnages suivent un très beau chemin. Et il y a enfin le talent de la mise en scène. Thomas Lilti réalise encore toute la saison, et dès les premières minutes il parvient à recréer un tourbillon de sensations fortes, avec un autre pic sensationnel à mi-saison.

Avec deux épisodes de moins que les précédentes, la saison 3 ne retrouve pas la même ampleur folle, comme si des choses s’accéléraient trop dans la dernière partie. Mais ce n’est finalement qu’un détail dans cette grande réussite, qui aura droit à une saison 4 on l’espère.

Fargo Saison 5

  • Sortie : Janvier 2024 sur Canal+
  • Durée : 10 épisodes d’environ 50 minutes
Le temple sacré de la famille

De quoi ça parle ? Dorothy « Dot » Lyon, une femme au foyer vivant à Scandia, voit son é mystérieux ressurgir violemment après une altercation avec les autorités, à cause du Shériff du Dakota du Nord Roy Tillman.

Pourquoi ça mérite le détour ? Après les deux précédentes saisons qui ont divisé les spectateurs et la critique, la saison 5 de Fargo parvient à retrouver sa sève légendaire : un mélange jubilatoire d’humour absurde, d’angoisse réelle et de fantastique pour mieux nous plonger dans une histoire foisonnante.

Mieux encore, la saison 5 de Fargo continue à explorer frontalement les démons de l’Amérique. Elle a une résonnance majeure au niveau politique – Roy Tillman, shérif trumpiste de l’effrayant Jon Hamm –, religieux (la poussée crescendo de l’intégrisme) et social plus percutante que jamais, les événements se déroulant en 2019. Ce n’est pas anodin si les femmes sont au centre de ses épisodes au cœur des États-Unis ère-Trump (maintenant réélu), où leurs droits ont été largement bafoués voire réduits (le droit à l’avortement).

Pendant des années, subissant ses coups et sa misogynie, l’héroïne fut le pantin du shérif Tillman. Désormais, elle fait tout pour tirer les ficelles qui l’opprimaient afin de reprendre le dessus. Tout un symbole pour Fargo, plus que jamais capable de conter la dureté de l’Amérique, l’inévitable combat quotidien des femmes contre le patriarcat, tout en gardant un espoir : celui du pardon, de la rédemption et de l’amour.

Samuel

  • Sortie : mars 2024 sur Arte 
  • Durée : 21 épisodes d’environ 5 minutes

De quoi ça parle ? Du journal intime de Samuel, 10 ans.

Pourquoi ça mérite le détour ? La rédactrice de ces lignes devrait presque écrire à la première personne tant Samuel l’a profondément et personnellement touchée. Et lui a rappelé que l’habit de ne fait décidément pas le moine, surtout en matière d’animation. Derrière la simplicité du trait et l’approximation des dessins, il y a une richesse et une justesse folle, aussi bien dans le travail d’animation que dans les sujets abordés (l’amitié, l’amour, la peur mélangée à l’impatience de grandir), toujours à hauteur d’enfant.

Ainsi, ces 21 pastilles de quelques minutes seulement capte l’essence même de ce qu’est l’enfance, de ses mal-être à ses joies en ant par ses réflexions les plus candides et ses raisonnements les plus sages. Non sans beaucoup d’humour, de douceur et de vague à l’âme.

Samuel, épisode 6
Economie de marché en cours de récré

La série créée par Emilie Tronche, une artiste de 28 ans, a aussi la particularité de se dérouler dans les années 2000, loin du filtre Spielbergien qu’on associe plus automatiquement à la nostalgie. Au-delà de ses thématiques universelles, c’est toute une époque qui se reflète dans le journal intime de ce petit garçon qui navigue entre deux âges : MSN et ses bruits si évocateurs, le sacro-saint porte-vue de feuilles Diddl et le troc organisé à la récré (« Tu m’échanges deux petites feuilles contre une grande ? »), des expressions déjà si ringardes (« cet été, on a fait de l’ordinateur) ou encore la démocratisation des mangas.

Avec sa musique souvent mélancolique, les imprécisions savoureuses des dialogues et ses instants plus oniriques et décalés, Samuel est une sucrerie qu’on peut bien s’autoriser d’engloutir maintenant qu’on est tous adultes et blasés par la vie. Ça tombe bien, les épisodes sont disponibles gratuitement sur YouTube.

House of the Dragon

  • Sortie : juin 2024 sur OCS City et OCS Max
  • Durée : 8 épisodes d’environ 1h
house of the dragon saison 2 emma d'arcy
Notre état quand on termine la saison et qu’il va falloir attendre une éternité avant la prochaine

De quoi ça parle ? La guerre entre Rhaenyra et Alicent pour le trône atteint un point de non-retour lorsque l’une tient l’autre pour responsable de la mort de son fils, et est bien décidée à lui rendre la pareille.

Pourquoi ça mérite le détour ? La seconde saison de la série spin off de Game of Thrones ne démérite pas de la première, bien au contraire. L’écriture se focalise essentiellement sur ses personnages de guerrières, les deux reines ennemies en tête, avec toujours plus de subtilité et d’intelligence dans leur construction. Avec un climax de milieu de saison proprement époustouflant, n’ayons pas peur de dire que cette saison de House of the Dragon est ce que Game of Thrones aurait dû être dans un monde idéal.

C’est-à-dire un grand spectacle visuel porté par une intrigue politique à la fois riche et intelligible, le tout bourré de nuances et de dilemmes moraux ionnants, qui se reposent sur la force de ses personnages plutôt que sur du remplissage racoleur. Si cette deuxième saison n’a pas forcément l’impact qu’avait la première grâce à la découverte des protagonistes et certaines scènes très marquantes (comme l’accouchement de Rhaenyra), elle gagne pourtant en efficacité dans sa narration.

De plus, il faut bien avouer que plus Rhaenyra et Alicent prennent de l’âge et du galon, et plus elles sont intéressantes et bouleversantes. De leur côté, les personnages masculins secondaires fichent toujours autant la pagaille (pour dire les choses gentiment), avec en première ligne Aemond Targaryen, une tête-à-claques qui fait joliment concurrence au Geoffrey Baratheon de Game of Thrones dans la course à la médaille de la pire ordure télévisuelle.

En bref, à part l’éloignement un peu soudain et prolongé du personnage de Matt Smith, pris dans une sous-intrigue plus confuse et barbante, cette deuxième saison de House of the Dragon n’a pas grand-chose à se reprocher. De quoi faire terriblement regretter qu’il faille attendre au moins 2026 pour avoir la suite.

Gloutons et Dragons

  • Sortie : De janvier à juin 2024
  • Durée : 24 épisodes de 20 minutes environ
Gloutons et dragons
Et bon appétit bien sûr

De quoi ça parle ? D’une bande d’aventuriers partie dans un donjon sauver la sœur de l’un d’entre eux. Dépourvus de vivres, ils vont devoir manger ce qu’ils trouvent sur le chemin. Et c’est plus agréable que ça en a l’air.

Pourquoi ça mérite le détour ? Obnubilée par The Bear, la rédaction est un peu ée à côté de l’autre grosse série culinaire de l’année : l’adaptation du manga Gloutons et Dragons de Ryōko Kui. Pourtant, l’engagement du génial studio Trigger à la production aurait du lui mettre la puce à l’oreille et l’eau à la bouche. Il est temps de réparer ce tort, car Gloutons et Dragons est une série absolument addictive, pour qui aime la bonne bouffe et les jeux de rôle de fantasy.

Le titre et le pitch pourraient laisser présager la répétition d’un gimmick ridicule, lassant très vite son public. Et en soi, cette première saison ne dévie que rarement de son principe de base, consistant donc à narrer les grandes étapes d’une aventure typique du genre, puis à consacrer autant si ce n’est plus de temps à la cuisine des créatures fantastiques rencontrées.

Mais avec une trame générale qui s’épaissit en court de route, des gags hilarants et des personnages ionnants se révélant à chaque dégustation, la série devient vite l’un des pastiches les plus attachants vus depuis belle lurette. Résultat : on dévore ces 24 épisodes goulûment, et on attend fermement une saison 2 d’ores et déjà annoncée.

DJ Mehdi : Made in

  • Sortie : septembre 2024
  • Durée : 6 épisodes de 40 minutes environ

De quoi ça parle ? De la carrière du prodige DJ Mehdi, é du hip-hop à l’électro et plus encore.

Pourquoi ça mérite le détour ? Disponible gratuitement sur Arte et Youtube, cette série documentaire aurait pu être l’une de ces hagiographies post-mortem telles qu’on en voit désormais beaucoup. Et effectivement, la série est avant tout un hommage appuyé à celui qui a été fauché en pleine effervescence artistique, à un véritable prodige discret qui méritait d’être pour une fois au centre de l’attention.

Impossible de ne pas s’émouvoir des larmes de Kerry James, de l’iration franche de Rim’K, des trémolos dans les voix des pionniers de la french touch quand ils évoquent le trait d’union entre leurs univers. Jamais grossière ni sensationnaliste, effleurant l’intime uniquement pour revenir vers l’art, la série est exemplaire à cet égard et fera même réagir les spectateurs qui n’avaient jamais écouté sa musique, ou tout du moins qui n’avaient pas prêté attention à sa présence.

Mais Made in , comme son titre l’indique, c’est plus que ça. C’est également, à travers cet itinéraire versatile, le récit rare d’une période si particulière de la culture populaire musicale française, du cheminement parfois difficile des genres et des publics associés. Le documentaire a l’audace et le bon goût de ne pas prendre de pincette, d’exprimer directement cette friction communautaire très révélatrice de la réalité sociale de l’époque. Et de garder en son centre, en véritable réconciliateur des platines, une icône en devenir.

Industry Saison 3

  • Sortie : Août 2024 sur Max
  • Durée : 8 épisodes d’environ 50 minutes
Myha'la Herrold dans la saison 3 d'Industry
« Oui, c’est bon, on a une bonne pub sur Ecran Large boss »

De quoi ça parle ? Pierpoint se tourne vers l’avenir et fait un gros pari sur l’investissement dit éthique, avec notamment l’introduction en bourse spectaculaire de Lumi, une entreprise d’énergie verte. Yasmin et Robert vivent cet énorme bouleversement de l’intérieur pendant qu’Harper tente de trouver une nouvelle partenaire dans la finance.

Pourquoi ça mérite le détour ? Parce que c’est l’une des petites pépites de HBO (et désormais Max) que vous ne connaissez probablement pas. Cela fait déjà deux saisons que Industry nous transporte dans le monde de la finance et notamment la banque d’investissement Pierpoint, ses jeux de manipulations, de bagous, d’intimidations… Avec sa saison 3, la série rebat un peu plus les cartes et plonge dans une horreur qui semble insurmontable.

Comme rarement à la télévision, la série de Mickey Down et Konrad Kay pousse littéralement ses personnages à la limite, les confrontant à une ambiguïté à la fois morale et physique (il y a beaucoup de sexe) qui ne le leur laisse que peu de choix. Obligés de prendre des décisions contre nature, alors même qu’ils ne sont pas en capacité psychologique de se maintenir hors de l’eau, Yasmin, Robert ou Harper (pour ne citer qu’eux) sont acculés autant que les spectateurs devant le grand cirque incontrôlée et incontrôlable qui les entoure.

C’est d’autant plus puissant que la saison 3 prend un tournant ultra-culotté dans un final choc. Non seulement, les personnages évoluent, leurs amitiés se disloquent, leurs certitudes s’effondrent, mais plus encore, les fondations mêmes de la série (à l’instar de certaines entreprises en bourse comme Lumi) sont détruites pour mieux continuer à explorer des territoires nouveaux, audacieux et ambitieux. De la très belle ouvrage.

Cent ans de solitude

  • Sortie : décembre 2024 sur Netflix
  • Durée : 8 épisodes d’environ 1h10
Claudio Cataño, Cent ans de solitude
Le début d’une très longue histoire

De quoi ça parle ? Des chroniques de la famille Buendia sur plusieurs générations, notamment le patriarche, Jose Arcadio Buendia, qui est le fondateur de Macondo, une ville fictive de Colombie où se déroule presque toute l’histoire. 

Pourquoi ça mérite le détour ? Cent ans de solitude est assurément la plus belle série de l’année sur Netflix, mais aussi un autre petit miracle qui fera date dans l’histoire de la télévision. Le géant du streaming a non seulement eu les droits d’adaptation du roman éponyme et chef-d’oeuvre de Gabriel Garcia Marquez, mais aussi réussi un double défi : retrouver l’onirisme de l’univers, sa tangibilité étrange, les paradoxes, les contradictions et l’inconfort (moral et narratif) qui le caractérisent, tout en apportant au récit les plus-values propres à ce nouveau médium. 

Il n’y avait pas le droit à l’erreur, et la série réalisée par Alex Garcia Lopez et Laura Mora Ortega ne fait aucun faux pas, seulement quelques pas de côté compréhensibles par rapport au roman original. C’est donc un exercice narratif un peu différent qui s’opère, la série présentant d’emblée la fatalité qui planera au-dessus du lieu et de ses protagonistes. Dès les premières secondes, une charge prophétique terrible nouvelle s’ancre à cette histoire maudite. 

Par ailleurs, la série brille également par ses décors et la construction de Macondo dans ses moindres détails, qui pousse encore plus loin l’immersion et la confusion. Et parce que tout est maitrisé, le jeu d’acteur est tout aussi convaincant, en particulier Claudio Cataño dans la peau (et la moustache) du Colonel Aureliano, et Marleyda Soto et Diego Vásquez dans celles des époux Buendia.

Fallout

  • Sortie : Avril 2024 sur Prime Video
  • Durée : 8 épisodes de 45 à 75 minutes
fallout
Si le film Borderlands n’avait pas été une daube

De quoi ça parle ? Dans un futur post-apocalyptique, sur une planète devenue inhabitable à cause de radiations nucléaires, des poches d’humanité vivent sous terre depuis 200 ans, dans des bunkers anti-atomiques fermés à double tour. Jusqu’au jour où Lucy décide de quitter l’abri 33 pour retrouver son père, kidnappé par ceux qui vivent à la surface.

Pourquoi ça mérite le détour ? Fallout était l’une des bonnes surprises de 2024, et c’est sûrement parce qu’elle ne partait pas forcément du côté des vainqueurs sur le papier, avec Amazon Prime Video, Graham Wagner (Silicon Valley) et Geneva Robertson-Dworet (Tomb Raider, Captain Marvel) dans l’équation. Mais la présence de Jonathan Nolan et Lisa Joy, le duo derrière Westworld, était un indice sur le savoir-faire à l’œuvre.

Adaptée des jeux vidéo, Fallout a réussi son pari pourtant pas simple de trouver un équilibre entre tous ses ingrédients : plusieurs personnages, plusieurs temporalités, plusieurs intrigues et plusieurs tons, le tout dans un décor post-apocalyptique vu et revu. En assumant à la fois des enjeux sérieux pour les personnages (qui fonctionnent bien autour de Lucy et Cooper, nettement moins avec Maximus et Hank) et des étapes légères dans l’aventure (un monstre par ci, une poursuite par là), la série Fallout remplit dignement sa mission.

La saison 1 a certes ses limites. Après un très bon démarrage (Jonathan Nolan a réalisé les trois premiers épisodes), elle a parfois du mal à maintenir le rythme avec tous ces éléments, notamment dans une dernière ligne droite un peu lourdingue. Mais le spectacle est certainement assuré, notamment visuellement – normal avec un budget de plus de 150 millions, ce qui fait presque 20 millions par épisode. Surtout avec Ella Purnell, qui incarne parfaitement cette héroïne.

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Ropib
Ropib
il y a 5 mois

Gloutons et Dragons, je ne comprends pas. Ça tourne très vite en rond, ça n’a pas beaucoup d’imagination ni scénaristique ni graphique, et si on peut penser au début que ça va décoller, sa mollesse de départ se révèle être sa vitesse de croisière.

gtb
gtb
il y a 5 mois

Pour la précision, Dungeon Meshi/ Gloutons & Dragons est sur Netflix. C’est plaisant de voir un anime dans la liste, tellement l’année fut riche : DanDaDan, Frieren, Les Carnets de l’Apothicaire, Oshi no Ko S2 etc…

Shogun et 100 ans de Solitude sont sur ma liste.

Berlingo
Berlingo
il y a 5 mois

Je me suis bien barbé devant House of the dragon saison 2… c’est beau mais qu’est-ce que c’est lent… GOT était bien plus rythmée. Sinon The Penguin très bien, et Dune The Prophecy, un vrai bon kif.

adrock
adrock
il y a 5 mois

J’ai pas eu l’impression d’avoir vécu une grande année niveau série. Je suis de plus en plus lassé à m’investir dans des histoires de 7 ou 8h, mais qui aurait pu tenir en 4. J’ai l’impression de trouver moins de qualité qu’il y a quelques années, même chez certains grand noms du milieu, comme HBO, qui s’est également lancé dans la course à la franchise à tout va. Beaucoup de séries semblent être conçues dans le seul but d’essorer une licence tant qu’elle est juteuse (star wars, dune, lord of the rings, dexter, squid game…).
Je n’ai pas compris la hype Fallout, et encore moins les bonnes critiques de Disclaimer (dont je pense l’opposé de ce qui est écrit en dernière phrase dans le paragraphe de cet article ^^).
J’ai tout même beaucoup aimé Shogun, Ripley, Mon Petit Renne, The Sympathizer ou les excellentes saisons de House of Dragons et Fargo (mais dans le tas, encore une fois, il n’y a qu’une seule création originale).
En tout cas, j’ai plus trouvé mon compte au ciné qu’à la télé en 2024 !

Sanchez
Sanchez
il y a 5 mois

House of the dragon et ripley pour moi

Ranger solitaire
Ranger solitaire
il y a 5 mois

Twillight of the gods

non j’rigole

Park Chan Woke
Park Chan Woke
il y a 5 mois

Hello! Autant je trouve que sur le ciné espagnol vous repérez des pépites vraiment cool (avec des papiers supers), mais c’est vraiment dommage que vous n’ayez pas le temps collectivement de faire des retours sur leurs séries. Je pense notamment à Machos Alfa, dont je n’attendais absolument rien de la saison 2 et qui s’est avérée être presque aussi bien que la première (sérieux, imaginez seulement le traitement du sujet version ciné français avec Kev Adams et Didier Bourdon). On se bidonne, c’est hyper fin et les persos, bien qu’archétypaux, super bien écrits. Mais je pense aussi à La Mesias, qui m’a collé une aussi grosse claque (voir plus) que the Disclaimer. J’ai adoré le rythme, l’écriture, la singularité des épisodes… enfin

cinefab
cinefab
il y a 5 mois

Ripley, à la trappe ?

Marc en RAGE
Marc en RAGE
il y a 5 mois

Les 2 séries qui mon marqué en 2024
HOUSE OF DRAGON saison 2 🔥🔥🔥🔥🔥🔥🐉
FALLOUT

dutch
dutch
il y a 5 mois

fallout j’ai adoré.