Tulsa King saison 2 : critique du culte (gênant) de Sylvester Stallone sur Paramount+

Par Déborah Lechner
8 décembre 2024

En 2022, le lancement de le départ du showrunner Terence Winter et son retour un an plus tard en tant que scénariste. Et déjà qu’on trouvait la première saison assez bâclée, ce hiatus en coulisses se ressent d’autant plus durant la seconde qui s’éparpille dans tous les sens. ATTENTION : RISQUE DE SPOILERS !

 

 

© Canva Paramount+

UN SEUL DEVIENDRA INVINCIBLE

Dès le début de la première saison, il était évident que Tulsa King serait un nouveau vaisseau à la gloire de Sylvester Stallone, qui n’avait nullement l’intention de verser dans l’autodérision, mais plutôt dans l’egotrip décomplexé. Trop décomplexé, même. La saison 2 continue ainsi de bien brosser son personnage dans le sens du poil, tel un palefrenier intimidé par son étalon (italien).

Ce n’est donc pas dans cette nouvelle fournée que les zones d’ombre du personnage sont soulignées – alors même qu’on parle d’un gangster qui a du sang sur les mains et sème les cadavres depuis qu’il est arrivé à Tulsa.

Sylvester Stallone, Tulsa King
Baby Boss

S’il fallait résumer la saison : Stallone Dwight Manfredi est super fort, super malin, super sympa, loyal et charismatique. Le vieux mafieux sort de prison au bout de 10 minutes après le cliffhanger alarmiste de la saison précédente, gagne son procès sans avocat, fait plier tous ses ennemis, déjoue quasiment tous leurs plans et se met tout le monde dans la poche. Et si ce n’est pas assez clair (ou ridicule) comme ça, un personnage balance dans les premières minutes du premier épisode qu’ils forment tous une famille dont le chef est bien évidemment Dwight, qui, cerise sur l’ego, se fait surnommer « Le Général ».

Surtout que la série continue d’embrasser la vision (déée) du monde et de la société de son « anti »-héros. Tout ce qui est trop progressif ou jugé comme tel est donc moqué ou caricaturé (le age à l’école…), et les valeurs familiales se résument encore et toujours à l’honneur, la vengeance et la résilience, sur fond de virilisme ringard. Mais si quelqu’un essaie de quitter ce navire à la dérive, au hasard Bodhi (Martin Starr) qui a été embarqué de force dans la première saison, alors c’est lui le traitre…

Tulsa King
« Pas d’embrouille man, pas de litige »

TOUTES LES FEMMES DE SA VIE

Quant aux autres personnages, ils n’existent que pour tourner en rond autour de leur grand manitou, chanter ses louages et le déculpabiliser au moindre début de remise en question de sa part. Au fond, ce n’est pas vraiment Dwight qui vit dans le déni et l’illusion d’être une personne fiable, ce sont les autres, bien que ce ne soit aucunement un sujet ou une thématique traitée dans le scénario. Comme dans la saison 1, tout le monde fait preuve d’une complaisance absurde à son égard, en particulier sa fille Tina, qui préfère s’armer pour se protéger des ennemis de son père plutôt que de s’éloigner de lui et lui dit même qu’elle est fière de lui.

Après des tentatives ratées avec Tyson (Jay Will) et son père, il faut attendre le huitième épisode pour qu’un tant soit peu d’émotion jaillisse, le temps d’un court échange en champ contre champ où le vieil homme est enfin mis face à ses contradictions. Et tant qu’à parler des personnages féminins, autant souligner la maigreur de leur rôle, qui consiste pour la plupart à regarder Dwight avec des étoiles dans les yeux ou à le trahir dans le cas de Stacy (Andrea Savage), que Dwight infantilise et que la série culpabilise avant de l’envoyer balader ailleurs.

Mon papa à moi est un gangster

Sauf qu’à trop vouloir lustrer son protagoniste, la série en fait juste un surhomme infaillible et invulnérable, ce qui annihile tout suspense, toute surprise ou gravité. Cette saison peine à créer de la tension, encore plus à la maintenir, alors que le contexte le permet largement, on parle quand même de guerre de gang, de drogue et de territoire.

Toutes les grenades balancées sont donc vite regoupillées, si bien qu’il ne semble ne rien se er dans cette saison pourtant surchargée de personnages, et surtout d’ennemis (dont Frank Grillo et Neal McDonough parmi les nouveaux). Fatalement, la fin et son cliffhanger ont du mal à réveiller après neuf épisodes de somnolence. Est-ce que la conséquence du départ du showrunner Terence Winter ? De la surcharge de travail de Taylor Sheridan ou de l’ingérence de Stallone ? Disons que la question est plus intéressante que tout ce qui peut bien se er dans cette saison 2 bien ennuyante.

Les 10 épisodes de la saison 2 de Tulsa King sont disponibles sur Paramount+ (aussi disponible via MyCanal)

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Paradoxalement, Stallone est autant un atout qu’une épine dans le pied pour Tulsa King.

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rougegorge
rougegorge
il y a 3 mois

J’ai adoré cette série, vivement la 3ème saison.
L’analyse faite par ecran large semble très orientée, dommage qu’elle soit plus emprunte d’hystérie (l’analyse hein) que d’objectivité si je peux me permettre.
J’espère qu’en cas de censure de ce commentaire, vous aurez les argument suffisant pour la justifier.

Flo1
Flo1
il y a 5 mois

… c’est un peu le principe non ? Le personnage à la Jack Reacher et cie, hyper fort au milieu des « bouseux »… sauf qu’on se rend quand-même compte qu’il entube tout le monde.
Faut pas tout prendre au premier degré.

adrock
adrock
il y a 6 mois

Une série qu’on croirait réalisée il y a 30 ans et qui parait totalement anachronique aujourd’hui. Sans Stallone, je ne suis pas certain qu’on aurait parlé de ce show.

Ours Bondissant
Ours Bondissant
il y a 6 mois

Bonne critique. La saison 1 atait un peu surprenante mais la 2 traine en longueur sans réelle direction. Le sur homme a vieilli et cela se voit.

christophelaverne1
christophelaverne1
il y a 6 mois

Mou, aucun enjeu, aucun suspense, intrigue à la dérive et un Stallone en pilote automatique à qui il ne peut rien arriver. Pas bon !

Bac669
Bac669
il y a 6 mois

En lisant bien l’article sur ce site que j’apprecie tout particulierement y’a du vrai aprés sa ce regarde bien ces simple Paramount+ et les séries a SHERIDAN sont en train d’ecraser la concurence je suis fan de cette séries YELLOW compagnie trés bonne série ,surcharge de travail pour sheridan a voir car il produit enormement de contenue pour P+.

wooster
wooster
il y a 6 mois

La saison 1 se laissait regarder, mais pour la saison 2 la recette tourne à vide, et j’ai donc abandonné à mi-chemin. C’est le problème d’avoir un héros infaillible, ça retire tout enjeux à l’histoire.

dutch
dutch
il y a 6 mois

C’est une série à regarder pour se mettre la cerveau en pause…déjà dans la saison 1 le personnage de Stallone ouvre des grands yeux éberlués en découvrant « le monde moderne », il as é 25 ans en prison, mais je pense qu’il avais la TV, on dirais qu’il as été cryogénisé comme dans « Demonlion man » ou qu’il fais un saut dans le temps façon retour vers le futur…il y as de grosses facilités scénaristiques, comme sa fille qui aurais été un moyen très facile de pression, mais on se contente de tabasser son mec. Et bon Stallone se la pète, balance des punch line…impossible de prendre la série au sérieux.C’est du niveau de Yellowstone mais pas de Breaking bad.

bastienlandelle
bastienlandelle
il y a 6 mois

🤏