Alors que tout le monde attend d’en apprendre plus sur la nouvelle adaptation d’Bret Easton Ellis, l’auteur du roman, déclare que ce projet de film n’existe peut-être tout simplement pas.
En octobre 2024, l’annonce avait surpris tout le monde : Luca Guadagnino à la tête d’une nouvelle adaptation du roman ultra-violent American Psycho, dont l’adaptation culte signée Austin Butler qui avait été choisi par le réalisateur de Challengers pour se glisser dans la peau du célèbre psychopathe de Wall Street.
Mais tout ça, c’était avant… Avant que Bret Easton Ellis, l’auteur du roman en personne, ne jette un pavé dans la mare en déclarant que, selon lui, il se pourrait très bien que ce beau projet ne soit qu’une vaste mascarade et n’existe tout simplement pas.

American Psycho et American complots
C’est au micro de son propre podcast, sobrement intitulé The Breat Easton Ellis Podcast, que l’écrivain s’est exprimé sur le sujet de cette nouvelle adaptation de son roman le plus connu. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y est pas allé par quatre chemins concernant l’implication d’Austin Butler, de Luca Guadagnino et du scénariste Scott Z. Burns :
“J’ai l’impression que c’est une intox. Austin Butler n’a rien signé confirmant qu’il jouerait Patrick Bateman. Luca [Guadagnino] n’a pas é d’accord. Et Scott Burns non plus”.
Selon l’écrivain, la stratégie derrière une fausse annonce de ce genre (en ettant qu’elle soit effectivement fausse), serait de tester l’intérêt du public pour un tel projet. Une idée un peu tirée par les cheveux, au regard de la durée dans le temps de l’information et la confirmation par Variety de la présence de Butler au casting, mais pas entièrement impossible.
Breat Easton Ellis n’est pas le seul à émettre un doute quant à la validité du projet, puisque l’insider Jeff Sneider y est allé de sa propre théorie. Selon lui, le studio Lionsgate, qui doit produire le film, chercherait un acquéreur après avoir connu un été particulièrement catastrophique (l’énorme flop Borderlands en tête). L’annonce d’une nouvelle adaptation d’American Psycho, avec des noms aussi prestigieux que celui de Guadagnino et Butler dans la balance, serait une manière de redorer son image auprès de potentiels acheteurs. Jeff Sneider a expliqué son hypothèse :
“Il s’agit davantage de rendre Lionsgate attractif sur le papier en tant que bien à acquérir, plutôt que d’annoncer un réel projet de film à venir.”
Clairvoyance ou théorie du complot ? Point de détail qui n’en est pas un : Luca Guadagnino a pour habitude d’être rattaché à de (très) nombreux projets annoncés dans tous les sens sans qu’ils ne voient finalement jamais le jour. Si les réalisateurs d’Hollywood ont l’habitude de voir leurs projets avortés, peu sont aussi souvent officiellement annoncés avant de ne plus donner signe de vie.
Précisons à tout hasard, et pour ce que ça vaut, qu’il existe une page Wikipédia entièrement dédiée à ses projets jamais réalisés (parmi lesquels une suite à son Suspiria, un remake de Scarface, un biopic sur Audrey Hepburn avec Rooney Mara…). D’ailleurs, Guadagnino s’était confié en décembre dernier à GQ en mettant une certaine distance entre lui et le projet American Psycho. Il répondait ainsi au journaliste qui lui demandait pourquoi il souhaitait adapter Bret Easton Ellis :
« Tous les réalisateurs actuels développent plusieurs projets. Parfois on en développe au sein d’Hollywood, parfois on a quelque chose qui nous ait directement adressé par un studio ou un producteur. Je pense que chacun d’entre nous travaillons sur deux, trois, quatre, cinq, six ou sept projets en même temps… »
Une réponse un peu évasive qui donnait déjà l’impression qu’American Psycho n’était pas nécessairement une priorité très concrète pour le réalisateur, sans qu’il s’agisse pour autant d’un démenti.

En tout cas, Bret Easton Ellis en rajoute une couche sur le fait qu’il n’a rien à voir avec ce projet (ce qui, si jamais le film arrive un jour sur les écrans, ne rassurera pas ses fans) :
“Si le projet existe pour de vrai, je ne suis pas impliqué. Je n’ai rien à voir là-dedans. Peut-être que je toucherai un peu d’argent s’ils le mènent à bien, mais je ne participe à aucun aspect artistique.”
Alors que l’écrivain avait été, au contraire, sympathisant du film de Mary Harron, voudrait-il aujourd’hui décrédibiliser une adaptation sur laquelle il n’a aucune prise et qu’il ne voit pas d’un bon œil ? C’est possible. Ou bien a-t-il raison de dénoncer, bien qu’un peu tardivement, ce qui ne serait qu’une vaste blague destinée à faire miroiter le potentiel de Lionsgate auprès d’éventuels acheteurs ? C’est possible aussi. Affaire à suivre.
En attendant, que les fans de Luca Guadagnino se rassurent, puisque son nouveau film, Queer, avec Daniel Craig en tête d’affiche, arrive dans les salles françaises le 26 février.