Oz Perkins est l’occasion de rappeler une évidence : pour faire peur, dans les films d’horreur, rien ne vaut un accessoire maudit et indestructible. Petit florilège de gadgets du diable.
Adapté d’une nouvelle de Theo James par le truchement d’un objet malfaisant : un singe mécanique qui déclenche la mort spectaculaire de personnes autour de lui dès qu’il joue un air sur son tambour. Des singes mécaniques flippants, on en a déjà vu des tas dans les films d’horreur (La Dame en Noir, Conjuring…), mais c’est loin d’être le seul objet hanté qui ait pu filer des cauchemars.
Sans faire l’affront aux lecteurs du site de mentionner les trop rabâchés Annabelle et Chucky, parce qu’il n’y a pas que les poupées dans la vie, voici une petite liste des meilleurs objets maudits de film d’horreur (histoire que tout le monde sache quelles vieilleries ne pas acheter d’ici la prochaine brocante).

Oddity
- Sortie : 2025
- Durée : 1h38

En seulement deux longs-métrages, le réalisateur irlandais Caveat, sorti en 2020, le personnage principal du film était guidé dans la résolution d’un mystère par un jouet tout droit sorti des enfers : un lapin mécanique jouant du tambour (tout comme le singe de The Monkey) et rappelant les pires heures de la taxidermie. Plutôt que de provoquer la mort, il se mettait à spontanément taper sur son instrument dès lors qu’un fantôme était en approche… Utile, mais glaçant.
En 2025, Damian McCarthy récidive avec Oddity, nouveau film d’épouvante dans lequel toute l’intrigue est plus ou moins hantée par la présence d’un mannequin en bois, dont le véritable rôle ne sera révélé qu’à la fin. Un mannequin, c’est banal ? Peut-être, mais pas celui-là, qui représente de manière hyper réaliste un homme dont le visage est défiguré par un hurlement figé, et dont tout le corps en bois ouvragé semble être écorché.
Un objet imposant, étrangement très beau, mais aussi très dérangeant, qui accompagne l’excellente performance de Carolyn Bracken. À plusieurs reprises, sa silhouette immobile en arrière-plan donnerait à jurer qu’un homme espionne la scène… Et peut-être que c’est le cas, finalement.
The Mirror
- Sortie : 2013
- Durée : 1h43

Avant que The Mirror (Oculus en version originale), sorti en 2013.
Dans ce film avec Brenton Thwaites, c’est un miroir qui est la cause de beaucoup de malheurs. Mais pas n’importe quel miroir : une grande glace murale au style gothique qui aurait vu (si ce n’est provoqué) la mort violente d’énormément de personnes. Comment ? En poussant tout simplement très loin le concept de “reflet”, et donc de perception.
En étant à la fois le renvoi de ce que les personnages pensent être la réalité et une fenêtre ouverte sur les souvenirs, le miroir transforme la manière dont les personnages voient les choses, jusqu’à les manipuler bien plus qu’ils ne l’imaginent. Une hantise insidieuse, invisible, mais non pas moins horrible.
In Fabric
- Sortie : 2019
- Durée : 1h58

Dans In Fabric, l’objet du Mal est a priori inoffensif et n’a absolument rien de flippant : c’est une simple robe rouge, trouvée en solde dans une charmante boutique. Mais la vendeuse qui semble sortir d’un cross-over de Suspiria et d’un film de David Lynch était un indice. In Fabric n’est pas un film classique, c’est un cauchemar fiévreux, absurde et halluciné, écrit et réalisé par Peter Strickland. Et si vous avez vu Barberian Sound Studio (1012) et The Duke of Burgundy (2014), vous savez ce que ça signifie.
L’histoire démarre lorsque la robe des enfers tombe entre les mains d’une mère célibataire (l’excellente Marianne Jean-Baptiste, très loin du cinéma de Mike Leigh là), décidée à repartir dans la valse des rencards. L’horreur rouge et l’humour noir iront bien au-delà, avec du sang qui dégouline des endroits les plus improbables, des mannequins transformés en totem de magie noire, un malheureux réparateur de machine à laver, beaucoup de détours follement délirants, et même Gwendoline Christie dans un second rôle bizarroïde.
En un film, Peter Strickland construit une montagne de mythologie dérangeante, grotesque et obscène, et s’appuie sur le grand guignol du giallo pour ouvrir les portes d’un chaos visuellement fantastique. Ça ne ressemble à RIEN d’autre, et rien que pour ça, c’est à voir absolument.
Dolls – Les Poupées
- Sortie : 1987
- Durée : 1h17

Les poupées maléfiques, on les connait par cœur. Annabelle, The Boy… Si vous les croisez sur un étal, on sait que vous ne ferez pas l’erreur de les placer à côté de vos figurines Dragon Ball. Serez-vous aussi attentifs aux poupées de Stuart Gordon, visibles dans son film Dolls ? Il ne s’agit pas du film le plus connu de l’auteur de Re-Animator et From Beyond, notamment parce qu’il est loin d’être aussi généreux en tripaille. Pourtant, il vaut largement le coup d’œil, notamment parce qu’il adopte un ton particulièrement adapté à ses antagonistes.
C’est sur le modèle du conte que Gordon caractérise ses poupées meurtrières. Celles-ci sont conçues pour éliminer les adultes qui n’ont pas gardé leur âme d’enfant. Gare à vous si vous ne vous êtes pas bidonné quand Sonic le hérisson a fait une danse Fortnite : vous risqueriez de finir défenestrés, voire… en poupée. Oui car ces charmantes créatures peuvent carrément vous ralier à leur cause ! À noter que Dolls est sorti en 1987, soit un an avant Jeu d’enfant, le premier Chucky. Les poupées maléfiques n’ont pas attendu Charles Lee Ray pour se montrer agressives.
Panique sur le green
- Sortie : 1989
- Durée : 1h38

Blades, aussi connu en sous le titre Lames Diaboliques ou sous le titre Panique sur le green (le meilleur à notre humble avis) met en scène… une tondeuse à gazon tueuse. L’engin possédé sème le chaos dans un club de Golf, trucidant golfeurs, femmes et même enfants dans des geysers de sang et de pelouse. Évidemment, il n’y avait que Troma pour distribuer un truc pareil, et on les en remercie, car le résultat est une série B, voire Z juste assez décomplexée pour am sans tomber dans la comédie bas du front.
Présenté comme ça, le film ressemble à un slasher mercantile tel qu’il en pullulait dans les années 1980. Mais il s’agit plutôt d’une parodie des vagues de sous-Dents de la mer qui ont suivi le classique de Spielberg. Le scénario recopie vaguement ses enjeux, ne nous épargnant évidemment pas les plans subjectifs ou les séquences de vindicte collectives, forcément plus ridicules dans un country club au rabais.
Comme chacun peut se l’imaginer, les acteurs jouent comme des clubs émoussés et les dialogues sont au ras des pâquerettes, mais la star, c’est évidemment le tueur en herbe, filmé avec une dextérité supérieure à celle de la concurrence à la même période. Parfois, la pelouse est effectivement plus verte chez le voisin.