Le Chacal avec Bruce Willis et Richard Gere aurait pu être un grand film d'action avec deux des plus grandes stars de son époque. Il aurait pu.
En 1997, Fred Zinnemann (Acte de violence, Le train sifflera trois fois, Tant qu'il y aura des hommes) tiré du roman à succès du même nom.
Deux acteurs à l'apogée de leur carrière, un cinéaste en pleine ascension et un scénario inspiré d'une oeuvre de renom déjà adaptée avec succès, tout ou presque était réuni pour que Le Chacal soit un grand film d'action. Et pourtant, les petites ambitions d'Universal, le scénario cliché, les complications de tournage et la destinée en ont décidé autrement. Puisque le film est disponible sur Amazon Prime Video jusqu'au 14 novembre, ce serait dommage de reer à côté.
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ASSASSIN(s)
Les années 90 ont fourni certains des meilleurs films d'action dans différents genres, du thriller à la science-fiction en ant par la comédie et le film catastrophe : le merveilleux À toute épreuve, le génialissime Demolition Man, l'explosif Speed, l'extraordinaire True Lies ou encore Mission Impossible, Independance Day, Les Ailes de l'Enfer et Volte/face, pour ne citer qu'eux.
Entre les pâles copies de Piège de Cristal, les nanars avec Steven Seagal et les gros blockbusters, le genre a pleinement profité des heures qui lui restaient avant que Matrix ne vienne renverser Hollywood et les esprits. Universal l'a bien compris et a donc demandé à Chuck Pfarrer de rédiger un script plus ou moins inspiré du roman Chacal écrit par Frederick Forsyth et de la première adaptation de Fred Zinnemann, dont le studio a racheté les droits au producteur John Woolfe.
Grâce à Navy Seals : Les Meilleurs, l'épatant Darkman, Chasse à l'homme et Barb Wire, le scénariste avait déjà prouvé son talent dans le genre sur quelques gros films et semblait être un choix idéal pour dynamiser le récit du livre et du film, inspiré de la tentative d'assassinat de l'OAS sur le Général De Gaulle en 1962.
Tu cherches, Bruce, tu cherches
Michael Caton-Jones, qui s'est fait remarquer avec son premier long-métrage, Scandal, est é pour se charger du projet. En moins de dix ans, le réalisateur britannique a collaboré avec Matthew Modine et John Lithgow (Memphis Belle), Michael J. Fox (Doc Hollywood), Robert De Niro ou un tout jeune Leonardo DiCaprio (Blessures secrètes), et son dernier film, Rob Roy avec Liam Nesson, Jessica Lange et Tim Roth, a été un succès critique et commercial retentissant, confirmant sa réputation de cinéaste à surveiller.
Après le thriller, le film de guerre, la comédie et le drame historique, le metteur en scène se lance donc dans l'action, avec deux stars dans les rôles principaux d'un long-métrage qu'il ne considère pas comme un remake, contrairement à Universal.
Richard Dean Anderson, Alec Baldwin, Jeff Bridges, Kevin Costner, Harrison Ford, Mel Gibson, Tommy Lee Jones, Michael Keaton, Liam Neeson, Ron Perlman, Matthew McConaughey, Dennis Quaid, Arnold Schwarzenegger, Steven Seagal, Sylvester Stallone et même Patrick Swayze sont appelés et refusent d'incarner Declan Mulqueen, le tireur d'élite de l'IRA qui aide à traquer Le Chacal. Sean Connery décline lui aussi la proposition, sans doute parce que le personnage ressemble énormément au prisonnier britannique qu'il incarne aux côtés de Nicolas Cage dans le remarquable Rock.
Pose ce flingue, tu vas te faire mal, Richard
Alors que Bruce Willis est envisagé à son tour pour Declan Mulqueen, Richard Gere est choisi pour incarner le Chacal dans son premier film d'action, mais préfère jouer le héros, alors les deux acteurs échangent leurs rôles, Bruce Willis se disant qu'incarner le méchant pour la première fois pourrait être drôle (l'expérience montrera qu'il aurait mieux fait de s'abstenir).
Après Pretty Woman, qui a relancé sa carrière, Richard Gere tourne avec Akira Kurosawa pour Rhapsodie en août et tente de se détacher de son image de beau gosse romantique avec Sang chaud pour meurtre de sang-froid, Sommersby, Mr. Jones, Intersection, Lancelot, le premier chevalier ou Peur Primale. Cependant, l'acteur reste quand même cantonné aux rôles d'avocat, d'homme d'affaires ou de gentil médecin, et Le Chacal représente pour lui l'opportunité de prouver qu'il est aussi capable de s'illustrer dans un nouveau registre.
À l'inverse de Richard Gere, avec son personnage de John McLane, qui a déclassé les muscles d'Arnold Schwarzenegger et de Sylvester Stallone, Bruce Willis est déjà une des grandes figures du cinéma d'action et entretient sa réputation avec l'exceptionnel Une Journée en Enfer et d'autres films comme Le Dernier Samaritain, Pulp Fiction ou encore Le Cinquième Élément, qu'il vient de terminer. Le choix de casting est essentiel, puisqu'il est un des problèmes majeurs du film : aucun des deux acteurs ne correspond à son personnage ou ne parvient à le rendre crédible, et ç'aurait probablement été pire si Bruce Willis avait été Declan et que Richard Gere avait été le Chacal, comme prévu.
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Du plomb dans la tête
Au milieu du tournage, qui e par une dizaine de villes différentes à travers le monde, Fred Zinnemann (qui disparaîtra quelques mois plus tard à 91 ans) et Frederick Forsyth font tous les deux pression auprès d'Universal pour que leurs noms disparaissent du générique et que le remake s'appelle différemment du roman et du premier film (The Day of the Jackal en version originale).
Le légendaire réalisateur considère que le studio veut seulement reprendre le nom de son long-métrage pour profiter de sa renommée et l'auteur estime que le scénario de Chuck Pfarrer n'a plus rien à voir avec son récit, ce qui est vrai.
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Du roman et du film de Zinnemann, le scénariste n'a effectivement conservé que le nom et le strict minimum : un tueur surnommé le Chacal est recruté pour assassiner une personnalité importante, et c'est tout. L'action ne se déroule plus en après la guerre d'Algérie, mais aux États-Unis après la guerre froide et ce n'est plus un policier français et son secrétaire qui pourchassent le tueur, mais Declan Mulqueen, des agents du FBI et une membre de l'armée russe affilée aux affaires intérieures.
Michael Caton-Jones va rendre visite à Fred Zinnemann, lui confie qu'il fera ce qu'il pourra et qu'il n'a jamais vu son film, comme si le manque de respect du studio n'était pas suffisant. Les droits rachetés par Universal à John Woolfe sont de toute façon soumis à certaines conditions comme le rappelle ensuite le producteur dans une interview au Los Angeles Times, précisant qu'il pourrait empêcher le studio de reprendre le nom quoiqu'il advienne.
The Day of the Jackal est donc devenu The Jackal et n'est plus un remake comme le voulait Universal, mais un long-métrage presque original qui reprend des éléments du film de Fred Zinnemann (et le générique crédite le scénario d'après celui du film de Zinnemann, écrit par Kenneth Ross).
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Contrairement à ce que suggèrent les images d'archive et les discours du générique accompagnés d'une musique atroce, Le Chacal n'a absolument pas la portée politique de son aîné et n'utilise le contexte de la guerre froide que pour justifier la présence de méchants Russes qui veulent tuer un haut représentant américain. L'intervention musclée d'agents du FBI dans une boîte de nuit de Moscou pour arrêter un gangster aux côtés de policiers et militaires locaux prouve dès l'introduction que le réalisme ne sera pas de mise.
Après ça, les premières minutes reprennent bien des ages du scénario original : la rencontre entre le Chacal et son commanditaire (qui disparaît définitivement après l'avoir engagé), l'interrogatoire d'un des hommes de main pour lancer la traque ou encore le Chacal qui récupère ses fausses identités et se rapproche d'un ingénieur pour fabriquer son arme.
Le tueur suit méticuleusement les étapes de son plan, se prépare et comme le Chacal incarné par Edward Fox à l'époque, le personnage de Bruce Willis devient aussi fascinant qu'inquiétant, plaçant le spectateur dans une certaine confusion.
L'Oréal, parce qu'il le vaut bien
C'est une fois que le récit s'écarte totalement de l'histoire originale, avec l'introduction du personnage de Declan Mulqueen, que le film bascule dans une tout autre dimension et devient vraiment drôle et nanardesque.
Si Bruce Willis peut au moins compter sur son charisme naturel et le mutisme de son personnage pour faire illusion sous ses perruques ridicules, dès que Richard Gere apparaît à l'écran en prisonnier irlandais avec son accent approximatif, le film et le personnage perdent instantanément le peu de crédibilité qu'ils avaient et s'enfoncent dans le divertissement hollywoodien bête et gras.
Voulant encore un peu plus s'éloigner de son image de gentil, l'acteur devait garder son bouc bien taillé et sa barbe de prisonnier tout le long du film, mais lorsque le studio l'a appris, il a contraint Richard Gere à retrouver son apparence de bellâtre rasé de près. Un changement que Michael Caton-Jones a justifié avec une scène dans laquelle Declan demande un rasoir à l'Agent Preston avant de quitter la prison.
THE HITMAN AND THE IRISH
Contrairement à l'adaptation de Fred Zinnemann, qui parvenait à installer un jeu du chat et de la souris entre le Chacal d'Edward Fox et le commissaire Lebel de Michael Lonsdale, Le Chacal se perd dans différentes intrigues insipides et ne délivre jamais la sensation de regarder une course contre la montre implacable ou même "une poursuite inexorable" comme le prétend la jaquette du DVD. Hormis les ages repris du roman ou du premier film, les autres étapes du tueur semblent totalement inutiles dans l'aboutissement de son plan.
Par exemple, le Chacal drague un homme d'affaires dans un bar gay, l'abandonne après l'avoir séduit, puis revient plus tard chez lui et le tue, mais le tueur n'avait visiblement pas besoin de se rapprocher de lui pour accomplir sa mission de toute façon.
D'ailleurs, à la base, l'homme d'affaires gay était abattu gratuitement dans le scénario. Ce n'est qu'après une projection-test qui a suscité des applaudissements du public pendant la scène (?!?) et attiré l'attention de l'association GLAAD (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation) que la scène a été retournée pour qu'il soit tué après avoir reconnu le Chacal d'après un portrait-robot diffusé à la télévision. Autre preuve que, peu importe le déguisement qu'il porte, Bruce Willis est parfaitement reconnaissable tout au long du film.
C'est parce que t'aimes pas ma décoloration, c'est ça ?
Le scénario est rempli de ce genre de ages superflus et attendus pour combler l'ennui. Toute la finesse de l'histoire originale a disparu au profit de scènes fadasses ou violentes et d'une énorme mitrailleuse qui ne fait aucune victime, sauf Jack Black et la façade d'un bâtiment.
Et pendant que le Chacal échappe à d'autres tueurs à gages et voyage à travers le globe, Declan a lui aussi le droit à ses scènes de remplissage en retrouvant celle qu'il aimait, Isabella (Mathilda May, qui n'avait pas envie non plus), catapultée simplement pour revenir au moment le plus opportun (et toujours sans aucune explication).
Alors que le personnage de Declan aurait pu permettre d'aborder l'IRA et le terrorisme comme l'avait fait Blown Away ou Ennemis Rapprochés quelques mois plus tôt, le film ne réussit jamais à générer autant de tension ou d'énergie qu'il le voudrait et oscille entre le quelconque et le ridicule jusqu'au face-à-face attendu entre le tueur et l'Irlandais, aussi bref et ennuyeux que le reste.
À cause de cette histoire inutilement trop longue, presque 50 minutes ont donc été coupées des 2h50 originales, ce qui explique aussi le rythme décousu et le manque de cohérence. Parmi ces scènes coupées, disponibles sur le DVD et dans les méandres de l'Internet, se trouve notamment tout un age dans lequel Le Chacal séduit une femme sans raison particulière et une sous-intrigue avec Declan qui se rapproche d'un espion turc et finit par l'affronter lorsque celui-ci le trahit.
Un combat plus qu'embarrassant avec Richard Gere qui tente de er pour un vrai méchant entre deux coups mal décochés et une tête envoyée à travers une vitre avant un appel téléphonique à filer le tournis à cause des travellings circulaires. À elles seules, les images justifient la disparition de tout cet arc narratif autour de son personnage et du peu de scènes d'action que l'acteur a dû réaliser.
Attends, je te laisse, il y a ma carrière qui se barre en courant
Les quelques différences entre la fin du film et la fin alternative (disponible avec les scènes coupées) révèlent également un changement de dernière minute pour mettre le personnage de Declan en avant plutôt que celui d'Isabella et offrir une dernière scène de suspense avec le Chacal. Malheureusement, encore une fois, le procédé est aussi cliché que le dénouement avec le prisonnier et l'Agent Preston.
Richard Gere et Bruce Willis ont déclaré pendant la production qu'ils avaient l'impression de tourner deux films différents comme ils ne tournaient jamais ensemble. Les deux scènes où Declan et le Chacal se rencontrent sont d'ailleurs marquées par un ralenti grossier et une musique religieuse faussement dramatique qui ne fait qu'accentuer la lourdeur de la réalisation. Selon certaines rumeurs, après le tournage, les deux acteurs se sont mis d'accord pour ne plus jamais travailler ensemble à l'avenir (et s'y sont tenus jusqu'à maintenant).
Avec un Chacal qui e de tueur froid et calculateur à sadique psychotique en deux scènes
Avec deux aussi gros noms que Bruce Willis et Richard Gere l'un face à l'autre, Le Chacal a évidemment attiré du monde en salles. Et même si le box-office domestique n'est pas aussi mirobolant que ce qu'Universal espérait (presque 55 millions de dollars à domicile), le film s'est bien rattrapé dans le reste du monde, remportant au final un peu plus de 159 millions de dollars à l'international. En revanche, les critiques n'ont pas manqué d'assassiner le film.
Étonnamment, malgré tous ses défauts, qui auraient pu le propulser dans les ténèbres de l'oubli, Le Chacal est quand même resté dans les mémoires. Peut-être pour la performance désastreuse de Richard Gere (qui ne fera qu'un seul autre film d'action par la suite, Secret Identity en 2011, avec aussi peu de succès), les coupes de cheveux improbables de Bruce Willis et la scène où il explose le bras de Jack Black. Séquence qui est effectivement la plus réjouissante du film (et que Jack Black a totalement improvisé, avec pour seule consigne de jeu "d'emmerder Bruce Willis").
Vas-y, redis encore un seul putain de mot, Jack, vas-y
Et finalement, alors qu'il aurait pu être un des derniers grands films d'action de la fin des années 90 ou au moins un des plus corrects, Le Chacal s'apparente surtout à un rendez-vous manqué entre Bruce Willis et Richard Gere réalisé pour les mauvaises raisons et avec d'encore plus mauvaises intentions. Un plaisir coupable moyen, suffisamment divertissant et efficace pour er le temps, mais pas assez génial pour être cités parmi les autres films au début de cet article ou seulement considéré comme un bon film.
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Découvert hier soir . Le film a un peu vieilli mais ça fait plaisir de voir Bruce Willis jouer un méchant et le personnage féminin du major change un peu en effet . Pas parfait quoique pas irregardable . Enfin, j’essaierai de trouver l’original.
Vu quand j’étais ado, je ne savais que c’était un remake et j’ai beaucoup aimé. Pas sans défaut mais quand même des scènes mémorables (Tuerie dans la maison avec Mathida May, la scène avec Jack Black, Bruce Willis en homo lol)
Une histoire géniale pour un film pourri.
L’original est ionnant. Je soupçonne Michael Mann de s’en être inspiré pour son Collatéral…
Vu il y a a longtemps et souvenir d’un film décevant.
Moi j’ai adore
@的时候水电费水电费水电费水电费是的 Mx, mais grave, cette mort de Jack Black. Le meilleur moment du film!
Le personnage de Diane Venora était aussi un peu plus « construit » que la moyenne dans ce genre de production dans les 90’s pour des perso féminins. Mais les moumoutes de Bruce Willis, le jeu tout en clignotement d’oeil de Richard Gere et le rythme mou du film n’atteindront jamais l’original de Zimmerman avec l’impeccable Edward Fox en Chacal bien froid.
Bon film. Vous auriez pu le mettre dans la rubrique Mal aimé. Ce film a toute l’ame de ce que c’était les années 90.
peu être pas aussi catastrophique qu’on a pu le dire, certes, les déguisements de willis sont assez grotesques, mais c’est l’un des très rares films ou il joue un « bad guy », et j’aime la musique du film, le générique introductif sous fond de musique techno-russe, le perso de diane venora, et l’exécution brutale du perso de jack, bien sûr!!!
Du film, je me souviens des moumoutes, elles étaient affreuses.
Bruce Willis vers la fin en blond peroxyde dans le métro essaie de se faire discret, de se fondre dans la masse. ^^ ^^.
Sinon il y a quelques scènes que j’aime bien et le thème musical qui revient de temps en temps pour élever un peu le niveau. Et une chanson que l’on entendra également dans le 1er Underworld.