L’espionne qui m’aimait
Dans les faits, Black Doves a beaucoup de choses pour lui. On a un duo de choc (Keira Knightley et Ben Whishaw) dans un thriller d’espionnage violent, parfois drôle, parfois tragique et qui sait se montrer généreux. La série Netflix le fait sentir dès son introduction, méticuleusement orchestrée et à l’ambiance impitoyable. On fait ensuite très vite la rencontre de nos têtes d’affiche, Helen et Sam – respectivement une espionne et un tueur à gages – dont la complicité est immédiatement magnétique.
Face à une conspiration qui les dée et concerne de nombreuses organisations (les services secrets britanniques, la CIA, l’ambassade chinoise, etc.), ils font alors front commun, remuant par la même occasion les fantômes de leur é. Un programme bien sympathique qui donne envie de faire partie du voyage. Mais est-ce que ça marche ? La réponse est oui… mais un oui timide avec plusieurs réserves.

Dans les trois premiers épisodes, Black Doves pose ses cartes avec assurance. On rentre d’abord dans le vif de l’action avant de s’étendre un peu dans l’histoire de nos deux protagonistes. L’intrigue se déploie tranquillement, mais on est encore dans la découverte et le charme de nos héros opère suffisamment pour qu’on ait envie de prendre nos marques. Puis on a vite un premier aperçu de ce que la série a dans le ventre niveau combats mortels et bain de sang.
Ce qui fait la réussite des thrillers à la John Wick ou James Bond, ce n’est pas avant tout le scénario, les explosions ou les morts qui défilent, c’est la lisibilité de l’action. Des éléments comme la fluidité des mouvements, la sensation des impacts ou encore le caractère tangible de la brutalité. Voilà la clé d’une réalisation solide qui voudra rendre jubilatoire – mais aussi esthétiquement plaisante – des combats à l’écran. Et sur ce point-là, Black Doves se débrouille plutôt bien.

Bon baiser de Londres
Bien sûr, ça ne fait pas tout (on en reparle plus tard), mais comment ne pas apprécier une bonne réalisation qui a du punch ? Surtout pour une série issue d’un catalogue Netflix ou c’est loin d’être toujours le cas. Ainsi, lorsque Keira Knightley se lance dans ses premières bastons, les chorégraphies fonctionnent du feu de dieu. On y croit à cette espionne maquillée en mère de famille et femme de ministre qui, soudain, peut mettre à l’amende deux tueuses à gages en étant désarmée.
Quand la série se lâche, on est avec elle. Londres est par ailleurs filmé avec beaucoup de goût (grâce à une photographie plus que canon) comme la scène hivernale et nocturne parfaite pour semer quelques boucheries avant les fêtes. C’est tout particulièrement bien amené par le personnage de Ben Whishaw (Sam, donc) lors de séquences où il exerce sa profession de tueur à gages. La sensibilité de l’acteur alliée à l’ultra-violence de ses actes est désarmante, et c’est un autre gros point fort de Black Doves. Pas étonnant que Ben Whishaw vole littéralement la vedette à tout le monde, ici.

On adore Knightley, hein. Mais cette fois, c’est Whishaw qui s’impose véritablement comme le cœur battant de Black Doves. Charismatique et vulnérable, c’est à son personnage que la série consacrera les sous-intrigues les mieux écrites et les relations les plus touchantes du récit (avec Helen surtout, mais aussi son ex petit ami et avec les deux tueuses qu’il recrute). C’est lui, enfin, qui sera au cœur de ce qui est clairement la meilleure scène de la série durant laquelle il doit exfiltrer son compagnon après une fusillade.
Une séquence d’une vraie inventivité, tant dans la manière de capter l’angoisse du duo que dans le réalisme de l’attaque en cours. C’est là le pinacle de Black Doves. Ses meilleurs éléments (l’action, l’intensité, la réalisation intelligente) sont mis au service de son meilleur personnage… et c’est ici que le bât blesse, car ce ne sera pas comme ça tout le temps. Black Doves est très inégale : si Whishaw hérite des moments les plus forts, les intrigues secondaires de Knightley peinent souvent à captiver. Et é les premiers épisodes, l’ensemble de la narration galère à avancer et à trouver son rythme.

Perte de vitesse
Ironiquement, le fait que l’action soit si efficace et percutante se révélera assez frustrant, car elle se fait trop rare dans la continuité du récit, se diluant dans une accumulation de sous-intrigues superflues et qui meublent l’espace. On se perd en enjeux politiques sans profondeur et en mélos romantiques qui méritaient bien plus de sobriété. Et puisqu’on est là, à la base, pour voir Keira Knightley retourner Londres et mettre des raclées à des gangsters, on s’ennuie forcément quand on doit se coltiner ses histoires de famille et d’amant mystérieux (dont le flashback inable hante toute la série…)
Au lieu de resserrer son intrigue dans un crescendo efficace, qui épure les dialogues vains et évite ainsi les mille clichés de ce genre de scénario, Black Doves se prend les pieds dans le tapis. Ni les rebondissements (prévisibles) ni les nombreuses révélations n’aideront à améliorer le rythme qui, lui, pédale déjà dans la semoule à la 5e discussion entre le ministre de la Défense et les représentants chinois toujours très furieux.

Comme pour le reste, l’épilogue est aussi à rallonge et continue de meubler après que tout ait été dit – même si sa petite morale de Noël est amusante. Finalement, Black Doves souffre surtout d’être une série. Son histoire complète (qui s’étend sur moins de six heures) aurait pu tenir largement sur une durée trois fois moins longue et plus concentrée sur l’action. Nul doute que si ça avait été un film, on se serait un peu plus éclaté.
Mais ne soyons pas trop sévères non plus. Malgré le remplissage et les ventres mous d’une écriture qui s’étire, Black Doves n’est pas un mauvais cru. Loin de là. C’est un sympathique divertissement de Noël, à la mise en scène bien plus honnête que beaucoup d’autres choses que vous verrez sur Netflix et qui comptent sur des comédiens très investis. Il semble que la série ait déjà une saison 2 de confirmée et franchement, on ne dit pas non pour voir la suite des aventures du duo.
Black Doves est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 5 décembre 2024 en .

Ben perso j’aime bien le duo d’acteurs principaux et Netflix a déjà balancé par le é quelques très bonnes séries d’espionnage (The Night Agent pour mon souvenir le plus récent, que j’avais beaucoup apprécié), donc moi ça me va. Après ce sera pas forcément des trucs ouf à s’en taper le cul par terre, mais si ça sort le cerveau quelques heures et que le scénar’ tient la route, j’en demande pas plus !
Trop d’intrigues secondaires, trop d’invraisemblances ont fini par me faire lâcher l’affaire au bout du 6ème episode. Le style se veut à mis chemin de The Americans (pour le côté espions infiltrés) et de Gentlemen (pour le côté scénario alambiqué) mais sans jamais les égaler.
Vu le 1er épisode hier j’ai trouvé ça très insipide. Pas sûr de continuer.
Me demande comment fait la presse internationale pour être autant emballée…