Entre Alpha de Julia Ducournau, de l’horreur, des meurtres, des complots, des requins… on fait le point sur les 15 films à ne pas manquer à Cannes 2025.
Après la remarquable Palme d’or de Sean Baker en 2024 pour Anora (auréolé depuis par cinq Oscars dont meilleur film, actrice et réalisation) et le ionnant cru de la sélection entre le choc The Substance, l’événement Megalopolis de Francis Ford Coppola, l’incroyable Les Graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof ou bien évidemment le blockbuster Furiosa de George Miller, la 78e édition du Festival de Cannes promet encore du très lourd, entre œuvres prestigieuses de grands cinéastes, nouveaux noms prometteurs et films de genres intrigants.
Avec une cinquantaine de films en sélection officielle, onze à la Semaine de la critique et dix-huit à la Quinzaine des cinéastes, l’édition Cannes 2025 s’annonce tout aussi spectaculaire que la précédente. Pour la course à la Palme d’or, ils seront 22 longs-métrages à se tirer la bourre, dont sept réalisatrices.

On peut évidemment regretter l’absence de grands noms attendus ou plutôt espérés à ce stade : Na Hong-jin et son thriller de science-fiction Hope, Terrence Malick et son étrange film sur Jésus The Way of the Wind, Park Chan-wook et son thriller sur fond de comédie noire No Other Choice ou bien encore les frères Danny et Michael Philippou avec leur film d’horreur Bring Her Back. Rien qui n’empêche toutefois cette sélection de créer une grande impatience au sein d’Ecran Large.
On s’est donc amusé à lister 15 films qu’on ne voudra surtout pas manquer dans cette édition 2025. Et évidemment avec quinze films, on a dû faire des choix cornéliens, tant et si bien qu’on aurait pu en rajouter facilement une bonne vingtaine. Ne nous en voulez donc pas de ne pas forcément voir vos chouchous. C’est parti (par ordre alphabétique des titres, et non des attentes) !
NB : Ce papier a été légèrement modifié mais écrit avant les ajouts de Die My Love de Lynne Ramsay, Woman and Child de Saeed Roustaee et Resurrection de Bi Gan en compétition, trois films qui auraient indiscutablement intégré cette liste.

Alpha
- Sortie : 20 août
- Durée : 2h08
- Sélection : Compétition officielle

Après avoir reçu la Palme d’or des mains de Spike Lee en 2021 pour Titane, Julia Ducournau va donc faire son retour en compétition pour son troisième film. Mené par Tahar Rahim, Golshifteh Farahani, Emma Mackey ou encore Finnegan Oldfield, Alpha suivra son héroïne éponyme de 13 ans dans une ville imaginaire très inspirée de New York, au cœur des années 80. Selon le synopsis officiel, cette adolescente agitée vit seule avec sa mère et « leur monde s’écroule quand Alpha rentre de l’école avec un tatouage sur le bras ».
Il s’agit a priori d’un des films les plus personnels de Julia Ducournau, qui devrait se situer dans le contexte de l’épidémie de sida, explorant à la fois le deuil, la résilience, l’hérédité, la destruction et la reconstruction. Un programme chargé qui devrait bien évidemment foncer dans le genre avec quelques saillies horrifiques.
Dangerous Animals
- Sortie : 23 juillet
- Durée : 1h33
- Sélection : Quinzaine des cinéastes

« Zephyr, une surfeuse intrépide au tempérament libre est kidnappée par un tueur en série obsédé par les requins. Séquestrée sur son bateau et confrontée à la folie de son ravisseur, elle va devoir se battre pour survivre face à tous les prédateurs… »
Lorsque Dangerous Animals. Vivement.
Eddington
- Sortie : 16 juillet
- Durée : 2h25
- Sélection : Compétition officielle
Ari Aster n’avait jamais mis les pieds dans un des trois grands festivals européens malgré ses trois joyaux horrifiques Hérédité, Midsommar et Beau is Afraid. Cette grossière erreur sera réparée avec son quatrième film Eddington, non seulement sélectionné par le comité de Thierry Frémaux mais en plus en compétition pour la Palme d’or. De quoi promettre une séance de folie tant le pitch et le teaser ont promis un véritable chaos entre conflits politiques, meurtres, complots et exploration anxiogène de l’enfer du Covid.
Le tapis rouge sera en plus au rendez-vous avec le casting principal composé de Joaquin Phoenix, Pedro Pascal, Austin Butler et Emma Stone. Peut-être le film qu’on ne manquera pour rien au monde à Cannes (pas même une soirée sur la plage Magnum).
Exit 8
- Sortie : 3 septembre
- Durée : 1h35
- Sélection : Séance de minuit
Celle-là, on ne l’avait pas vu venir. Développé par le studio japonais Kotake Create, Exit 8 est un jeu d’horreur psychologique qui a fait son petit effet, en racontant l’errance oppressante d’un homme coincé dans les couloirs sans fin du métro. Pour s’en sortir, il faut scruter la moindre des anomalies, sous peine de se perdre, ou pire, de revenir au point de départ.
Avec son décor immaculé et aseptisé, qui semble prêt à accueillir ce cauchemar labyrinthique, le jeu s’est offert une adaptation par la Toho, réalisée par Genki Kawamura (par ailleurs producteur de Belle et Suzume). Ce sera en séance de minuit, et on a hâte de frissonner.
Highest 2 Lowest
- Sortie : 5 septembre sur Apple TV+
- Durée : 2h13
- Sélection : Hors-compétition

En 2018, Spike Lee avait remporté le Grand Prix du Jury avec son Blackkklansman et en 2021, il était président du jury (tout en étant le visage de l’affiche du festival). Quatre ans plus tard, l’Américain revient enfin avec son nouveau film, Highest 2 Lowest, revisite moderne se déroulant dans le New York d’aujourd’hui du Entre le ciel et l’enfer, le chef-d’œuvre d’Akira Kurosawa.
Cette fois, c’est un magnat de la musique (incarné par Denzel Washington), réputé pour avoir l’oreille la plus fine du milieu, qui sera victime d’une rançon et sera confronté à un dilemme moral de vie ou de mort. Difficile de ne pas être un minimum intrigué.
La disparition de Josef Mengele
- Sortie : Prochainement
- Durée : 2h15
- Sélection : Cannes Premiere
Kirill Serebrennikov est devenu un des plus grands habitués du Festival de Cannes puisque ses quatre derniers films ont concouru pour la Palme d’or entre Leto en 2018, La Fièvre de Petrov en 2021, La Femme de Tchaikovski en 2022 et Limonov en 2024. Pour autant, malgré des réceptions plutôt positives, le Russe était toujours reparti bredouille de la Croisette… et il en sera de même avec La Disparition de Josef Mengele puisqu’il ne sera pas en compétition pour la Palme d’or.
Relégué à la prestigieuse section Cannes Première (où sont és des films comme La nuit du 12, As Bestas, Miséricorde ou Vortex par le é), le film est l’adaptation du roman éponyme d’Olivier Guez, prix Renaudot 2017. Il suivra ainsi Josef Mengele, médecin nazi du camp d’Auschwitz, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans sa fuite pour échapper à toute forme de procès (de l’Argentine au Brésil en pensait par le Paraguay). Avec Serebrennikov aux commandes, on ne serait pas étonné que le film divise fortement les festivaliers en mai prochain.
Les aigles de la république
- Sortie : 22 octobre
- Durée : 2h05
- Sélection : Compétition officielle

Tarik Saleh avait été très justement récompensé du prix du scénario en 2022 avec La Conspiration du Caire, thriller tendu et ionnant plongeant dans les arcanes du pouvoir religieux égyptien, s’inquiétant autant d’un fanatisme dangereux que d’une corruption politique inébranlable. Avec Les aigles de la république, il continuera probablement à explorer les mêmes questions entre « éthique, convictions, transparence, combats et esprit de contradiction » selon les mots de Thierry Fremaux.
Le film racontera en effet l’histoire de George Fahmy (Farès Farès), acteur le plus adulé d’Egypte, devant accepter sous la contrainte de jouer dans un film commandé par les plus hautes autorités du Pays et se retrouvant plongé, malgré lui, dans le cercle étroit du pouvoir. La franco-algérienne Lyna Khoudri sera aussi de la partie.
L’intérêt d’Adam
- Sortie : 1er octobre
- Durée : 1h13
- Sélection : Semaine de la critique (film d’ouverture)

« Adam, 4 ans, est hospitalisé pour malnutrition à la suite d’une décision de justice. Lucy, l’infirmière en chef autorise la mère d’Adam à rester auprès de son fils au-delà des heures de visite fixées par le juge. Mais la situation se complique quand celle-ci refuse une nouvelle fois de quitter son fils. Dans l’intérêt de l’enfant, Lucy fera tout pour venir en aide à cette mère en détresse. »
À défaut d’accompagner ses compatriotes les frères Dardenne en compétition pour la Palme d’or, la jeune Belge Laura Wandel ouvrira les hostilités de la Semaine de la critique avec L’intérêt d’Adam. Si elle avait déjà marqué les esprits avec Un monde, son premier film sur le harcèlement scolaire filmé à hauteur d’enfants (é par Un certain regard en 2021), son deuxième long-métrage pourrait bien en faire tout autant avec son sujet social et son casting porté par Léa Drucker et Anamaria Vartolomei.
My Father’s Shadow
- Sortie : Prochainement
- Durée : 1h34
- Sélection : Un Certain Regard
C’est la première fois de l’histoire du Festival de Cannes qu’un film nigérian est sélectionné et forcément, on ne voudra pas rater ce petit événement. D’autant plus que My Father’s Shadow, premier film réalisé par Akinola Davies et mené par Sope Dirisu (Gangs of London), a un pitch prometteur avec son père et ses deux garçons déambulant dans Lagos lors de la crise électorale nigériane de 1993.
De quoi présager d’une plongée angoissante au cœur de la mégalopole avec des situations tendues et violentes, tout en promettant une exploration sans détour des troubles politiques ayant traversé le pays à cette époque.
Nouvelle vague
- Sortie : 8 octobre
- Durée : 1h45
- Sélection : Compétition officielle

Qu’il filme pendant 10 ans ses acteurs (Boyhood) ou sur trois films l’évolution d’une relation amoureuse (la trilogie du Before), Richard Linklater s’y connaît en dispositifs de cinéma hors normes, qui redéfinissent à leur manière la « réalité » du médium. On comprend donc la fascination du réalisateur pour la Nouvelle Vague française, et sa malice légendaire semble tout indiquée pour raconter le tournage du film matriciel de Jean-Luc Godard : A bout de souffle.
Avec Guillaume Marbeck en Jean-Luc Godard, Zoey Deutch en Jean Seberg et Aubry Dullin en Jean-Paul Belmondo, on a très hâte de voir Nouvelle Vague, d’autant que Linklater promet de présenter ce faux biopic à la manière de son modèle.
Sons of the Neon Night
- Sortie : Prochainement
- Durée : 2h12
- Sélection : Séance de minuit
Une explosion et une fusillade dans un quartier de Hong Kong s’avèrent être une diversion à une série d’actions sauvages. Au milieu de tout ça, il est question d’un conglomérat pharmaceutique et de barons de la drogue, pour dépeindre un monde toujours plus corrompu.
Au même titre que City of Darkness en 2024, ça fait plaisir de voir le cinéma hongkongais de retour avec sa hargne d’antan. Sons of the Neon Night a tout du polar urbain bien énervé, et il s’offre pour l’occasion quelques grands noms à son casting : Takeshi Kaneshiro, Louis Koo et Tony Leung Ka Fai. On bave d’avance.
Splitsville
- Sortie : Prochainement
- Durée : 1h40
- Sélection : Cannes Première
Michael Angelo Covino s’était fait remarquer à Cannes en 2019 dans la section Un Certain Regard avec The Climb reparti avec le prix Coup de cœur du Jury. C’était mérité tant le film de l’Italien était une petite pépite tragicomique. Avec une mise en scène savante pour un premier film, il y mêlait habilement un humour de situation à une réflexion plus délicate sur la virilité teintée d’une jolie mélancolie. On est donc forcément curieux de découvrir son deuxième long-métrage : Splitsville.
D’autant plus qu’il devrait, encore une fois, lier le drame intime à des situations rocambolesques avec ses deux couples d’amis se retrouvant dans une maison de vacances. Et alors que l’un des couples est en instance de divorce, l’autre semble détenir les clés du bonheur grâce à un élément phare : leur relation libre. Avec Dakota Johnson, Adria Arjona, Kyle Marvin et Michael Angelo Covino au casting.
The Phoenician Scheme
- Sortie : 28 mai
- Durée : 1h41
- Sélection : Compétition officielle
Que serait une sélection du Festival de Cannes sans Wes Anderson. é trois fois en compétition pour la Palme d’or (Moonrise Kingdom, The French Dispatch et Asteroid City), l’Américain est toujours reparti les mains vides de la Croisette. Avec The Phoenician Scheme, il pourrait bien rafler la mise, le cinéaste conservant son style unique, mais semblant explorer des territoires plus sombres avec l’histoire du magnat Zsa-zsa Korda, l’un des hommes les plus riches d’Europe, son entreprise familiale et sa fausse mort pour faire hériter sa fille, la nonne Sœur Liesl.
Si, par malheur, le film ne convainc pas le jury de Juliette Binoche, le tapis rouge sera en tout cas comblé avec encore un casting faramineux : Benicio Del Toro, Mia Threapleton, Michael Cera, Tom Hanks, Bryan Cranston, Riz Ahmed, Mathieu Amalric, Jeffrey Wright, Scarlett Johansson, Richard Ayoade, Rupert Friend, Hope Davis et Benedict Cumberbatch.
Sound of Falling
- Sortie : Prochainement
- Durée : 2h29
- Sélection : Compétition officielle

« Au cours d’un siècle, alors que quatre filles de différentes époques vivent leur jeunesse dans une ferme allemande, leurs vies s’entremêlent jusqu’à ce que le temps semble se dissoudre. »
Sound of Falling (autrefois intitulé The Doctor Says I’ll Be Alright, But I’m Feelin’ Blue, traduisible en Le docteur dit que tout ira bien, mais je me sens déprimé) arrive avec une énorme réputation à Cannes. On va espérer que la réalisatrice Mascha Schilinski puisse er cette pression et engouement précoce sur ses épaules, puisqu’il ne s’agit que de son deuxième film, après Dark Blue Girl en 2018 (inédit en ). L’ambition sera en tout cas au rendez-vous, le film étant décrit comme « une expérience cinématographique envoutante » féministe, sur le site de MK2.
Valeur sentimentale
- Sortie : 20 août
- Durée : 2h12
- Sélection : Compétition officielle

Tout ce que touche Renate Reinsve à Cannes se transforme en or (ou presque). En 2024, elle était la tête d’affiche de La Convocation, récompensé de la Caméra d’or (soit le meilleur premier film) et en 2021, elle avait remporté le prix d’interprétation féminine pour Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier. Pour Valeur sentimentale, elle renoue justement avec le cinéaste norvégien dans ce qui devrait être « une exploration intime et émouvante de la famille, des souvenirs et du pouvoir guérisseur de l’art ».
En effet, Renate Reinsve jouera une célèbre actrice de théâtre, dont la vie (et celle de sa sœur) est bouleversée lorsque leur père Gustav (Stellan Skarsgård), autrefois réalisateur de cinéma célèbre, revient inopinément, en quête de rédemption et offre à Nora le rôle principal de son film de comeback. Une proposition qui va rouvrir de vieilles blessures chez Nora avant qu’une star de cinéma américaine (Elle Fanning) ne vienne accentuer le chambardement en cours.
Des bonus pour le plaisir
Impossible de se contenter de seulement quinze films, tant notre liste d’attentes est longue. En compétition pour la Palme d’or, on est ainsi très curieux de découvrir le road-movie en plein désert marocain d’un père et son fils cherchant le fille/soeur disparue dans Sirat d’Oliver Laxe, tout autant que l’histoire d’apprentissage sur fond d’onirisme de Renoir réalisé par la Japonaise Chie Hayakawa ou celui de La Petite dernière réalisé par Hafsia Herzi.
Le genre policier aura également une large place en compétition, puisqu’entre la « revisite du film policier des années 70 » de Kelly Reichardt avec The Mastermind, le polar en pleine dictature brésilienne L’agent secret de Kelber Mendonça Filho, l’affaire d’une enquêtrice de l’IGPN dans Dossier 137 de Dominik Moll ou encore Deux Procureurs de Sergei Loznitsa et ses purges staliniennes, on devrait être servi.

Hors-compétition, on surveillera évidemment de très près Mission : Impossible – The Final Reckoning qu’on n’a pas cité, tout autant que la « screwball comedy » Vie Privée de Rebecca Zlotowski avec Jodie Foster et Virginie Efira notamment. Chez Un Certain Regard, on ne va pas cacher notre impatience de découvrir la dramédie Eleanor The Great signée Scarlett Johansson, l’intrigante romance queer dans l’univers des motards Pillion d’Harry Lighton ou le thriller The Plague de Charlie Polinger dans un camp de water-polo.
Le documentaire Orwell de Raoul Peck devrait nous inquiéter encore un peu plus de l’avenir du monde en Cannes Première, mais on essaiera de se rassurer à la Semaine de la critique avec A Useful Ghost du Thaïlandais Ratchapoom Boonbunchachoke et le fantôme d’une femme prenant possession d’un aspirateur. Même chose à la Quinzaine des cinéastes avec sa comédie Classe moyenne au casting français impressionnant où Mehdi va devoir gérer « un conflit entre la famille de sa fiancée et le couple de gardiens de la villa » où tout ce beau monde a prévu de er l’été.
On sera aussi curieux du mystérieux drame Miroirs N°3 de Christian Petzold, de L’engloutie de Louise Hémon et sa jeune institutrice se rendant dans un « hameau encerclé par la neige sur les hauts plateaux d’une montagne reculée » dans les Alpes de 1899 ou de la fresque japonaise Kokuho au milieu des gangsters et de l’univers du kakubi.
Encore un très bon crunch de cinéma à se mettre sous la dent !!
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Vraiment hâte de voir les japonais Exit 8 et Kokuho, l’égyptien Les Aigles de la République, le nigérian My Father’shadow, le docu sur Orwell et le faux making-of sur A bout de souffle, le hong-kongais Sons of the Neon Night, les polars comme Dossier 137 et les nouveaux Spike Lee et Julia Ducourneau. Vivement!
Final Reckoning sera à Cannes mais en hors compétition