Un pauvre cow-boy solitaire s'éloigne vers le soleil couchant du désert en chantonnant. Si vous avez l'air en tête, vous le devez à Goscinny de s'être personnellement assurés de lui épargner le goudron et les plumes…
Morris ? Lucky Luke. Cette association d'idées imparable n'a rien d'un escamotage injuste ou d'un biais cognitif qui valorise les œuvres célèbres au détriment des plus confidentielles. Car Maurice de Bevere, de son vrai nom, est l'un des rares auteurs de BD à ne s'être consacré qu'à un seul héros (à une courte histoire de gangsters près).
Apparu en 1946 dans une aventure intitulée Arizona 1880, l'homme qui tire plus vite que son ombre a rapidement rencontré le succès et fait les beaux jours du journal Spirou, au point de devenir l'une des bandes dessinées les plus connues d'Europe. La question d'une éventuelle transposition sur grand écran a inévitablement fini par se poser. Par bonheur, ses créateurs n'avaient aucune intention de lui lâcher la bride.

Un héros destiné à être animé
L'histoire entre Morris et l'Amérique aurait pu mal tourner. Alors qu'il débute sa carrière dans un petit studio belge d'animation, celui-ci fait faillite, en raison notamment du déluge de programmes venus tout droit des États-Unis.
Ce pauvre dessinateur solitaire comprend que le secteur est bouché. Il se raccroche alors au type d'art qui s'en rapproche le plus : la bande dessinée. La création de son fameux cow-boy constitue une forme de douce revanche sur ce coup du sort, son auteur ayant toujours assumé d'avoir en partie réfléchi en termes de potentiel commercial. Mais cette expérience initiale dans le domaine de l'animation va profondément irriguer son travail.

Cette influence se ressent particulièrement dans les premières planches de Lucky Luke, les personnages arborant des lignes simplifiées, des traits ronds et des têtes plus grosses que l'ego de Joe Dalton. Morris lui-même revendique d'avoir conçu son héros de manière à pouvoir être animé avec un minimum de transformations. S'il affinera son coup de crayon d'album en album pour mieux s'emparer des spécificités de la BD, Lucky Luke conserve dans son ADN cette prédisposition à être un jour porté sur écran.
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La meilleure version reste avec De Caunes qui le doubler magnifiquement bien
J’ai toujours trouvé très curieux le Jolly sans crinière de ce film 🤔
Film de mon enfance, que j’adore et que je connais par cœur. Ravie de lire et d’apprendre sur sa genèse. Merci pour l’article !