Films

Running Man avec Schwarzenegger : non, c’est pas si nul, et on vous explique pourquoi

Par marvin-montes
15 octobre 2023
MAJ : 25 mai 2024

Parmi la montagne d’adaptations de l’oeuvre de Stephen King, Running Man est un peu effacé derrière l’ombre pesante de Schwarzenegger, et c’est un peu injuste.

Running Man : la course poursuite un peu oubliée de Schwarzenegger

Des adaptations de l'oeuvre de Arnold Schwarzenegger peut-être, mais pas que.

Alors que la décennie 1980 égrène ses dernières années, la carrière cinématographique d'Arnold Schwarzenegger bat son plein. Après avoir explosé aux yeux de l'Amérique avec Arnold le magnifique (Pumping Iron) et surtout Conan le barbare, l'ex-culturiste, emblème du rêve américain, est tout simplement devenu l'une des plus grandes icônes d'action du pays de l'oncle Sam.

Au contraire de celle de son rival du box-office Sylvester Stallone, la stratégie du futur gouvernator est claire et irablement appliquée. L'acteur autrichien accorde en effet sa confiance à des cinéastes talentueux, capables d'employer au mieux ses qualités, dans l'intérêt des longs-métrages ou il apparait. En pratique, ça donne Conan le barbarePredatorexcusez du peu. Cependant, difficile de contester les limites de l'acteur dès lors qu'un certain cadre n'est pas appliqué à sa performance.

 

Running Man : photo, Arnold SchwarzeneggerRendez-moi meilleur.

 

Course de fond

Le projet Running Man démarre lorsque le producteur (et futur réalisateur de Coeur de Dragon ou encore Fast and Furious) Rob Cohen met la main sur les droits du roman publié en 1982, et écrit par un certain Richard Bachman. Ce que le cinéaste ignore alors, c'est que Bachman n'est autre qu'un nom de plume utilisé à plusieurs reprises par Stephen King. En effet, à partir de 1977, le roi de l'horreur aura signé plusieurs écrits sous ce nom d'emprunt, parmi lesquels RageMarche ou crève et Running Man donc. Malgré la découverte de la supercherie en 1985, King sera présent au générique du film sous son pseudonyme de Bachman.

Toujours est-il que Cohen se met en quête d'un réalisateur et cible en premier lieu George Cosmatos, avec qui les désaccords artistiques seront trop profonds. Andrew Davis (à qui l'on doit Sale temps pour un flic et bientôt Piège en haute mer) est finalement relié au projet avant de quitter la production une semaine avant le début du tournage, pour être remplacé au pied levé par Paul Michael Glaser. Assez inexpérimenté derrière la caméra, l'acteur-réalisateur est avant tout reconnu comme le détective David Starsky de Starsky et Hutch.

 

Running Man : photo, Arnold Schwarzenegger Qu'est-ce que je fais là moi ?

 

Devant la caméra, la situation n'est pas beaucoup plus stable. Christopher Reeves, Patrick Swayze, Dolph Lundgren ou Don Johnson refusent le rôle principal du film, qui atterrit finalement entre les mains d'Arnold Schwarzenegger. Une chance inespérée pour Cohen, qui récupère à la tête de son projet un acteur déjà au summum de sa popularité, qui ne fera que grandir ensuite. On aurait pu croire les planètes alignées. Malheureusement, ce ne sera pas si simple.

 

Running Man : photo, Arnold Schwarzenegger C'est Running Man ou Commando ?

 

Faut poser son cerveau

Dans Running Man, Ben Richards, policier condamné à la prison pour avoir refusé de tirer sur une foule de manifestants (tiens tiens), se retrouve propulsé dans le cruel jeu télévisé éponyme, ou un prisonnier doit survivre à une horde de tueurs lancés à ses trousses, en échange de l'annulation de sa peine, le tout dans une dystopie totalitaire située entre 2017 et 2019. Ça vous rappelle quelque chose ? C'est normal, mais nous y reviendrons.

Dans le livre de King (ou Bachman, comme vous voulez), Ben Richards n'est pas un flic, mais un chômeur poussé par un accident de la vie à participer au jeu à sa propre demande. Apeuré, désespéré et paranoïaque, Richards traverse le récit au cours d'une gigantesque fuite en avant, aidé par la ruse plus que par ses capacités (inexistantes) d'homme d'action. Évidemment, il était impossible de donner ce rôle au chêne autrichien, qui plus est dans les années 80.

 

Running Man : photo, Arnold Schwarzenegger Hors de question de subir.

 

Cohen et Glazer vont donc totalement modifier la structure du roman, pour en faire un terrain de jeu à la mesure de leur star. Exit la victime du système, Ben Richards devient un véritable héros, empli de valeurs nobles et surtout rompu aux techniques de combat. Le Running Man ne court pas tant que ça, et préfère prendre les armes, quitte à dépouiller la force originelle du récit de toute sa substance. Pourquoi fuir lorsque l'on peut démembrer méthodiquement tous les chasseurs lancés sur nos traces ?

C'est évidemment la grande limite du film : l'impossibilité manifeste d'utiliser Arnold autrement qu'en tant que héros inamovible (Paul Verhoeven prouvera pourtant le contraire quelques années plus tard) pousse Glaser à délaisser les grandes thématiques du roman pour faire de Running Man un divertissement décérébré efficace, mais diablement générique. Ajoutez à cela une direction artistique franchement moyenne (les costumes risibles) et une réalisation peu inspirée que même Schwarzenegger condamnera, et le tableau ne semble guère reluisant au premier abord.

 

Running Man : photo, Arnold Schwarzenegger Enlevez-moi ce costume SVP.

 

Le prix du plagiat

Mais alors, faut-il définitivement condamner Running Man, et l'ajouter à la pile, déjà imposante, des adaptations ratées de l'oeuvre de King ? Et bien, pas nécessairement, car malgré ses nombreux écueils, le film conserve une certaine valeur d'anticipation plutôt pertinente, au travers du personnage de Damon Killian, animateur star du jeu télévisé.

Incarné par un Richard Dawson (lui-même grande figure du petit écran américain) en feu, Killian vole régulièrement la vedette au monolithe Schwarzy, au travers de tirades aussi grotesques que prédictives quant à l'appétence du public pour la cruauté filmée. Après l'avènement de la télé-réalité et l'apparition de multiples programmes tous plus immoraux les uns que les autres, aussi bien sur le sol américain que dans notre cher hexagone, le propos de Running Man peut certainement sembler désuet. En 1988, il ne l'était pas tant que ça.

 

Running Man : photo, Arnold Schwarzenegger OK c'est pas Network, mais quand même.

 

Finalement, Running Man parvient à se poser comme un récit prédictif pertinent, bien que noyé par une volonté d'action excessive et pas toujours finaude. De là à penser que le film se place donc automatiquement au-dessus de la mêlée des productions mineures portées par le chêne autrichien, il n'y a qu'un pas que nous franchirons allègrement. Enfin, il reste un petit souci, tout de même, et non des moindres.

Car si Running Man se désolidarise rapidement de son matériau original, c'est aussi pour s'inspirer d'une autre oeuvre, et ce de manière beaucoup moins officielle. En effet, le film de Glaser présente de nombreuses similitudes, tant dans sa structure que dans la caractérisation de certains personnages, avec un long-métrage sorti cinq ans plus tôt : en l'occurrence Le Prix du Danger d'Yves Boisset, qui plaçait Gérard Lanvin dans le rôle de l'homme traqué par une meute de tueurs.

Après qu'une plainte ait immédiatement été déposée par Boisset, il faudra onze années de procès, rejet et appel pour que les plaignants obtiennent finalement un dédommagement, qui ne servira qu'à couvrir les frais de justice engendrés par la procédure. C'est moche.

La suite est réservée à nos abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Lisez la suite pour 1€ et soutenez Ecran Large

(1€ pendant 1 mois, puis à partir de 3,75€/mois)

Abonnement Ecran Large
Rédacteurs :
Tout savoir sur Running Man
Vous aimerez aussi
Commentaires
Veuillez vous connecter pour commenter
13 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Des fèves aux beurres et un excellent chianti
Des fèves aux beurres et un excellent chianti
il y a 1 année

Réalisé par starsky starsky et hutch.
A la limite du kitch aujourd’hui mais au sujet toujours intéressant, bientôt à la télévision, aux pays bas ou aux states ?
Plagiat officiellement reconnu du prix du danger avec gerard lanvin.

Mich-24
Mich-24
il y a 1 année

Franchement pour ma part.
J’aime bien ce film.
Je l’ai à nouveau regarder il y a 1 mois ou 2.

Sebde3
Sebde3
il y a 1 année

J’ai adoré le livre. Même si le film est un peu moins bon, il… « La suite est réservée aux abonnés. »

Pat Rick
Pat Rick
il y a 1 année

Visuellement c’est vrai qu’il a pris un coup de vieux, mais il reste sympa à mater et on trouve rarement l’équivalent de ce type de films de nos jours.

beyond
beyond
il y a 1 année

La société a tellement évolué depuis la sortie du film, qu’un reboot en métrage ou série, serait une sacrée bonne idée. Imaginez le jeu avec les réseaux sociaux qui incitent tant à la délation, les portables omniprésents, les caméras de surveillance, les chaines d’info continu qu’il n’y avait pas à l’époque et le récit peut prendre une tout autre dimension.

Morcar
Morcar
il y a 1 année

Je ne l’ai pas vu depuis longtemps, mais je l’ai vu maintes et maintes fois quand j’étais ado/jeune adulte, et toujours avec plaisir. Certains costumes me faisait sacrément rire (celui avec des cubes en alu sur lui, et le « sapin de noël » comme le héros l’appel), mais le film était bon.

Ikakku
Ikakku
il y a 1 année

Dommage que le film n’est pas suivi le livre , ça aurait pu être un des meilleurs films de Arnold. Un reboot serait de mise

Magnitude (le vrai)
Magnitude (le vrai)
il y a 1 année

Film fun des 80’s avec quelques punchlines bien senties.

Précurseur (ou pas ?) en terme de désinformation, de la manipulation des images. Le « Demoltion Man » de son époque. Oui carrément.

Je me souviens d’un dossier que vous aviez fait, j’ai plus le nom exacte, mais c’était sur les films avec le concept de télé-réalité. Ca m’avait permis de découvrir LE PRIX DU DANGER avec Gérard Lanvin.

Olivier637
Olivier637
il y a 1 année

C est un peu court comme analyse non?

zetagundam
zetagundam
il y a 1 année

Divertissant mais il faut avoir l’honnêteté de reconnaitre que visuellement c’est très cheap voir même ridicule pour certains costumes des tueurs