From Prey to Killer
Alors que Predator : Badlands nous promet de faire de l’extraterrestre le protagoniste de sa propre histoire (un renouveau intrigant), il avait été annoncé que Dan Trachtenberg planchait sur un film surprise en complément. On voyait venir le projet B destiné au streaming, mais après tout, Prey avait été bazardé sur Hulu et Disney+ sans autre forme de procès. Trachtenberg a cette humilité de l’artisan soigné, et son inventivité cherche depuis son entrée dans le monde de Predator à en bouleverser les acquis et la mythologie.
On était donc curieux de découvrir Killer of Killers, film à sketchs dans la continuité de Prey, où nos amis à dreadlocks sèment la mort dans trois périodes historiques distinctes (le temps des Vikings, le Japon féodal aux côtés de samouraïs, et la Seconde Guerre mondiale vue d’un aviateur américain). Sans vouloir trop en révéler, disons juste que ces trois récits sont amenés à se recouper dans une dernière partie aux airs de carotte, afin de contrer une structure vite pénible.

La lassitude s’installe dès lors qu’on a compris le fonctionnement des divers récits (l’introduction d’un personnage dans un contexte de guerre, l’arrivée du Predator en tant que spectateur, et enfin sa partie de chasse). Bien que le film s’amuse avec des gimmicks pour marquer la distinction de ses chapitres – notamment en ce qui concerne les langues parlées –, le tout a un peu des airs de série anthologique à la Love, Death & Robots, trop heureuse d’enquiller des concepts aux développements rachitiques pour justifier ses jeux de massacre sanglants.
Entendons-nous bien, Killer of Killers fait régulièrement le café de ce côté-là. Difficile de ne pas se frotter les mains de plaisir face à certaines mises à mort au gore assumé, face à des enchaînements chorégraphiques inspirés, et face à l’arsenal toujours renouvelé de nos braconniers de l’espace préférés (le harpon qui défragmente les avions de chasse, c’est oui !).
On saluera en particulier le age au Japon féodal, où les inspirations du côté du film de sabre et de la japanimation offrent des compositions de cadre et des élans cinétiques diablement cool. Cela étant dit, même les moments les plus amusants de ce spin-off laissent un goût amer en bouche, la faute à une animation rigide, saccadée et aux textures inconsistantes, qui gâche la fête et les bonnes idées de l’ensemble (à tout hasard, un plan-séquence en pleine bataille devenant peu lisible).

Tableau de chiasse
Peut-être est-ce dû à notre amour inconditionnel pour la franchise Predator, mais Killer of Killers a eu l’effet d’une goutte d’eau faisant déborder le vase de l’animation de plateforme. Si de trop rares projets ont prouvé qu’on pouvait mettre les petits plats dans les grands (Arcane), Disney+, Netflix et consorts continuent d’alimenter leur catalogue avec des productions techniquement indigentes, ou au minimum décevantes, par rapport au prestige des franchises investies.
Nous voilà voués à bouffer du direct-to-streaming comme les suites au rabais que Disney pondait par le é pour le marché de la vidéo. Dans le genre, le spin-off de Predator rappelle les films The Witcher de Netflix (ce n’est pas un compliment), eux aussi motivés par le seul poids de leur licence.
Mais à cet opportunisme s’ajoute une autre donnée, pour le coup fascinante à décortiquer. Plutôt que de confier la fabrication du film à un studio d’animation confirmé, Trachtenberg et 20th Century Studios se sont tournés vers The Third Floor, peut-être l’une des entreprises les plus importantes du Hollywood contemporain.

La spécialité de The Third Floor, qui lui vaut d’être dans la plupart des génériques de blockbusters, c’est la prévisualisation, cette réalisation en 3D grossière à la manière d’un storyboard en mouvement. En plus d’aider à percevoir les défis techniques des scènes requérant des CGI, la “préviz” peut tester des cadrages, des raccords ou le rythme global d’une séquence. À titre d’exemple, la révélation finale d’Avengers : Endgame, avec tous les super-héros sortant des portails, a été préconçue de la sorte des années avant d’avoir été tournée.
La prévisualisation est plus essentielle que jamais dans le pipeline d’un blockbuster, mais elle a aussi ses limites, notamment lorsque des studios comme Marvel se mettent à designer des scènes d’action avant qu’un réalisateur n’ait ret le projet. Sans vision claire, les animateurs peuvent se permettre des plans improbables et l’effet wahou à tout prix, quitte à déconnecter une séquence du reste d’un film. Si vous avez déjà eu la sensation de voir un grand spectacle er du live-action à la cinématique de jeu vidéo sans ancrage dans le réel, la prévisualisation peut être (en partie) à blâmer.

Sur le papier, le choix de The Third Floor pour chapeauter Predator : Killer of Killers n’est pas une mauvaise idée. Cependant, cette première tentative pour la société fait ressortir ses pires travers : la recherche perpétuelle du cool se transforme en frime dévitalisée, qui prend le pas sur toute logique narrative ou émotionnelle.
On pourrait le pardonner dans le cadre d’un bonbon qui n’aurait d’autre enjeu que le fun de son carnage. Mais il est difficile de voir la proposition de Trachtenberg comme un simple spin-off sans prétention quand il essaie de construire de nouvelles règles dans son univers et la promesse d’une potentielle suite (la fin en eau de boudin est particulièrement frustrante), soutenue par une scène post-générique putassière. Malgré les plaisirs simples qui sont les nôtres à Ecran Large, il faut se rendre à l’évidence : le goût du sang ne fait pas tout.

L’idée était sympa, mais c’est qu’en meme rachitique niveau intrigue et développement des personnages, et blindé de facilités (le jeune pilote qui apprivoise la technologie alien en un clin d’oeil). Et puis ca m’enmmerde qu’en meme gravement que Disney revise systématiquement la mythologie de ces sagas (comme dans alien Romulus où le développement des aliens se font en 10 minutes), ici on a un predator en plein hiver, alors que dans le 1 & 2, on nous explique qu’ils n’apparaissent sur terre que durant des périodes de très fortes chaleurs …
Perso, j’ai é un super moment. Je trouve que c’est une chouette extension de la mythologie. La fin nous laisse (un peu) sur notre faim, mais j’ai franchement kiffé le reste.
Visuellement, c’est très satisfaisant, avec un bémol pour les textures qui sont de qualité inégale. L’animation manque parfois un peu de fluidité, mais les personnages/créatures sont très bien animés. Le sound design est excellent (super spatialisation).
Ah bah mince alors, j’étais super hypé, puis j’ai vu la critique EL, qui généralement tape plutôt dans le mille !
Et ce matin j’ai quand même lancé le bousin, et j’ai é un super moment !
Rythmé, Gore, un climax satisfaisant, pas 3 tonnes de fan service, et perso, ce style d’animation ne me gène pas du tout !
Alors, si tous les apéritifs avant les films live de grandes franchises ou même tous les Love Death And Robots pouvaient être aussi bien troussés, ca serait quand même chouette !
J’adore cette critique parce que je ne partage presque aucun avis qui est donné ahah. Je suis d’accord pour dire que l’animation qui est assez décevante (malgré des plans très soignés), peut être que ça vient d’un budget pas au niveau des ambitions et un studio qui n’a pas les bonnes compétences.
Par contre, moi qui m’endort devant Predator 1 et 2, je retrouve le plaisir que j’ai eu devant Prey
Pour la fin, je ne la trouve pas en eau de boudin du tout dans la mesure où c’était un peu la seule fin logique
En bref, Prey et Killer of the killers m’a réconcilié avec une franchise que je trouvais lourdingue et soporifique et du coup j’ai un peu hâte de voir Badlands
Je comprends pas trop cette tendance à saccader l’animation pour faire stylé ou vintage. Pour les animés Miles Morales ça e pas trop mal mais là on dirait un test pour dépister l’épilepsie. Dommage. Si en plus le scénario de décolle pas.
On voyait bien dans les images et la BA que l’animation est bâclée. ça fait pitié cette nouvelle tendance de films d’animation au rabais, emballés vite fait grâce aux technologies numériques plus rapides.
En tous cas ça montre bien que si aucun grand média américain ne donne son avis et qu’on a que des retours positifs de sites de geeks, on peut s’attendre au pire!
Je jetterai un œil à cette 1ère saison mais si c’est aussi nul que vous le dites (et que pense que oui) alors je ne perdrai pas mon temps pour les suivantes…
Quand vous parlez de mauvaises surprises techniques, j’espère quand même que vous n’avez pas été surpris de la médiocrité de l’animation ?
A ce sujet, puisqu’elle à servit d’inspiration, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi l’immense majorité se pâme devant l’animation saccadé du spider-verse
Nous aurait on menti au vu des retours dithyrambiques? Quelle surprise