Grand film schizophrène tourné 3 ans après Le Couteau dans l’eau, Répulsion marque déjà un tournant dans l’œuvre de Polanski. Tout en conservant certains aspects de son précédent film, comme l’espace clos, ici réduit à un appartement et quelques lieux étroits rarement mis en valeur, et le petit nombre de personnages, Répulsion, techniquement plus abouti que ses travaux antérieurs, met en œuvre le cheminement vers la folie d’une femme névrosée dont jamais l’origine du mal qui la hante, une forme de répulsion (d’où le titre) pour les hommes, ne sera clairement expliqué, grâce à un arsenal d’expérimentations plastiques et formelles particulièrement réussis.
Deneuve, impeccable, semble vivre recluse dans une bulle d’où elle ne parviendra jamais à sortir, alimentant à travers des fantasmes obscènes des obsessions maladives que seule sa sœur parvient, malgré elle, à canaliser. Le plus souvent cadrée en gros plan, caméra à l’épaule, elle ne laisse entrer personne dans un univers qui s’affaisse peu à peu et d’où rien ne peut ressortir de bon. Mais l’originalité de la mise en scène de Polanski réside également dans sa capacité à faire pénétrer le spectateur au sein d’un univers malade, où l’étirement de l’espace et du temps qu’il réalise nous fait perdre tout repère, afin d’être au cœur de l’imaginaire hystérique de l’héroïne, d’y participer sans jamais pouvoir agir.