Malgré tout, le succès de Freddy vs Jason au box-office US, assuré par son seul titre, fut le feu vert à un autre projet, le seul, l’unique : Alien vs Predator. Pas besoin de revenir sur les monuments que sont ces deux franchises, et donc sur notre état mental à la suite d’une telle annonce. Le jeu vidéo, tonitruant, était déjà une promesse avant l’heure. Le rêve de voir, sur grand écran, ces deux monstres sacrés se foutre sur la gueule car il n’est question que de ça devenait réalité.
Cet espoir tourna court à la nomination, au scénario et à la réalisation, de Paul W.S. Anderson, coupable de Mortal Kombat et Resident Evil, ancrés dans toutes les mémoires comme les meilleures adaptations cinématographiques de jeux vidéo (glurps). Au désespoir profond des premiers jours (heures ?), s’ensuivit une indifférence croissante, au fur et à mesure du développement du film. Que pouvait-on vraiment attendre d’un budget de 60 millions de dollars, là où il aurait fallu le double, entre les mains d’un manchot ? Rien, et la confirmation, aussi prévisible soit-elle, reste douloureuse.
Paul W.S. Anderson réussit en effet l’exploit de multiplier les mauvais choix. Faire abstraction des précédents films est une chose, prendre le spectateur pour un idiot en est une autre. Or, il annihile tout mystère ou effet de surprise en montrant les créatures face caméra dès le début, puis suit à la lettre, et lourdement, le cahier des charges des Alien et Predator : les « facehugger » (dans un horrible effet bullet time), le sang acide (3 ou 4 fois pour bien comprendre), l’invisibilité (en veux-tu, en voilà), la vision thermique (dégueulasse), etc.
Ainsi, pendant une bonne heure, la bande de bras cassés réunie par Lance Henriksen (en pré-Bishop) se balade dans des couloirs, se faisant zigouiller les uns après les autres hors champ. La grande classe ! À 20 minutes de la fin, moment inoubliable, le scientifique du groupe balance le plus sérieusement du monde : « Tout ceci commence à avoir un sens. » Il enchaîne ensuite avec un « L’ennemi de mon ennemi est mon ami », qui finit d’enterrer le film, puisque le Predator s’allie à un humain, nous privant définitivement du monstrueux mano à mano qu’on était en droit d’attendre (le film s’appelle bien Alien vs Predator ?). Pourtant, cette histoire de chasse aux aliens dans les pyramides incas, mayas ou égyptiennes avait du bon. Un court flash-back nous rappelle d’ailleurs ce qu’aurait pu être ce combat de titans. Malheureusement, la seule vraie confrontation du film, placée au bout de 55 minutes, se résume à une vieille empoignade, plan-plan, sans aucune folie visuelle.