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Fear Street Partie 1 : 1994 – critique à la rue sur Netflix

Par Raphaël Iggui
5 juillet 2021
MAJ : 2 octobre 2021

Basé sur l’oeuvre de Fear Street – Partie 1 : 1994 s’étale sur près de 1h40 sans se rétamer, mais sans surprendre non plus, délaissant son récit pour une mise en place laborieuse de sa mythologie et un ciblage adolescent ostentatoire. Hémoglobine et hormones en ébullition pour un cocktail qui laisse sur sa soif. Attention spoilers ! 

Fear Street : 1994 : photo, Maya Hawke

Vendredi 13 reasons why

Commençons par le premier défaut qui est paradoxalement aussi sa principale qualité : le film est aussi prévisible qu’il essaie d’être original. Si vous avez vu quelques séries et films produits par le géant du streaming au N cramoisi, vous allez voyager en terrain connu. Les personnages sont des adolescents archétypaux plus ou moins revisités. Du moins, ils sont revisités si l’on entend par là « rendre nos deux protagonistes principales lesbiennes pour camoufler l’absence d’originalité de leur histoire d’amour ». Le film ouvre pourtant une piste intéressante sur l’orientation sexuelle de ses protagonistes en l’ancrant plus largement dans le contexte de son époque et dans la dynamique de son récit, pour n’y revenir que très sporadiquement. 

Sinon, c’est le starter pack habituel : les premiers émois, les amours contrariées, les hormones qui s’excitent avec un petit age aussi torride qu’un strip-tease de lépreux, mais surtout du 90s porn à toute blinde. Les néons sont absolument partout, on se demande même si les personnages n’ont pas tuné leurs nerfs optiques. Walkman, jeux de plateforme en 2D, Minitel… tout y e. Et le choix des musiques fusionne évidemment les deux grandes ions netflixiennes, avec Only Happy When It Rains et Creep dès les 15 premières minutes de film. 

 

PhotoApocalypse Néon

 

Des choix qui s’expliquent facilement par la segmentation adolescente de la plateforme, mais qui sont d’autant plus dommageables que la proposition du long-métrage est plus qu’attrayante (attention spoilers !) : en convoquant différentes figures du slasher plus ou moins identifiables (le tueur masqué avec un crâne, le colosse sans visage avec une hache , la jeune fille possédée, etc.) et en les faisant collaborer, le film avait moyen de s’am avec le genre et ses clichés  tout en forgeant sa propre identité. 

Malheureusement, le film n’y parvient jamais vraiment. Déjà, sa mise en scène ne transmet que rarement un sentiment de terreur pur. Le long-métrage Netflix se repose sur une pelletée de jumpscares dont la profusion en supprime rapidement l’intérêt si ces 10 dernières années ne l’ont pas fait. La réussite d’un slasher dépend souvent de son antagoniste principal, force de la nature qui paraît invincible et omnipotente dont la menace plane en permanence. Ici, nos antagonistes semblent apparaître et disparaître au gré des besoins du récit et de nos héros, donnant un aspect très artificiel à la dynamique d’ensemble. 

 

Photo« Quel cadavre de film d’horreur va-t-on déterrer ?  » 

 

Netflix Cinematic Universe 

Si le déroulé du film semble aussi guidé par des rails, c’est parce que Fear Street – Partie 1 : 1994 rencontre les mêmes écueils que tous les films tentant d’installer un univers étendu. En 1h40, le film doit non seulement installer les personnages et le contexte de 1994, mais également la mythologie qui sera explorée dans les deux volets suivants (Fear Street – Partie 3 : 1666), qui seront tous les deux des prequels. Le film ouvre ainsi énormément de portes sans jamais vraiment les explorer, avec une considération paternaliste qui pince les joues en disant « on verra plus tard mon chou ». 

Le pire reste que la plupart des histoires parallèles présentées semblent plus intéressantes et plus sanglantes que l’intrigue principale. Si on a le droit à deux morts assez rigolotes et inattendues (vous ne demanderez plus jamais de pain tranché), l’ensemble se révèle finalement assez sage. Le film ne choisit jamais vraiment son ton, et finit par délaisser les quelques tentatives de second degré pour s’embourber dans le premier. Une pudibonderie qui serait sans doute mieux ée si le film avait pris le temps d’exister pour lui-même. 

 

Photo« Regarde la critique de EL, il parle presque d’un massacre »

 

On en parlait plus haut, mais faire écho entre la relation de nos deux protagonistes principales et les questions de déclassement social ou d’exclusion était l’occasion de porter un discours original. De même pour la situation de la plupart de nos personnages principaux, dont une cheerleader-intellectuelle brillante vendant de la drogue pour payer ses futures études, ou un lycéen obligé de travailler au supermarché pour subvenir aux besoins de sa famille. 

Bien sûr, on ne demande ni du Winter’s Bone, le film vise avant tout à offrir une dose d’horreur fun et rafraîchissante. Mais le long-métrage aurait sans doute gagné en impact, s’il avait décidé d’intégrer pleinement ses thématiques à son récit, au lieu d’en faire des ressorts scénaristiques ou de mendier quelques éclats de rire avec. Néanmoins, ce qu’on entrevoit des deux futurs volets pourrait annoncer un virage plus sombre et plus sanglant. 

Fear Street – Partie 1 : 1994 est disponible sur Netflix depuis le 2 juillet 2021 en

 

Affiche US

Rédacteurs :
Résumé

Fear Street - Partie 1 : 1994  ne choisit jamais entre les hormones et l'hémoglobine, entre raconter une histoire et installer un univers, pour un résultat en demi-teinte. On espère que ses deux suites nous décrocheront plus la mâchoire que ce bâillement poli à peine amusant. 

Tout savoir sur Fear Street - Partie 1 : 1994
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Lilo
Lilo
il y a 3 années

Vraiment pas ouf. On dirait presque par moment une mauvaise parodie de film d’horreur
Quelques ages auraient pu être intéressant si plus développer et encore…
On a l’impression que le film a été fait à la va vite niveau scénario car il ne se e pas grand chose et certaines scènes sont hors sujet par rapport à ce qu’il se e dans le film.
Au niveau de la musique c’est pareil, elle est très mal utilisée.

Même si le film ne m’a pas plu du tout, peut-être qu’il pourra en séduire d’autres, notamment des ados( auxquels il à l’air destiné).

Anonyme
Anonyme
il y a 3 années

Moi je trouve dommage que Kate meurt car j aurai voulu voir continuer le couple Josh et Kate c est dommage je trouve

Kirito99
Kirito99
il y a 3 années

J’ai beaucoup aimer ce premier film et hâte de voir les deux autres ! Le film fait pas peur certe mais j’ai jamais regarder un film d’horreur pour avoir peur car je suis totalement insensible à l’horreur de la peur!
Par exemple les films Saw qui sont très gore j’ai trouver sa très drôle mais choquer et éffrayer, pas le moins du monde !

Un film ...
Un film ...
il y a 3 années

… pas si mal que cela .
un film sympathique

Morcar
Morcar
il y a 3 années

Je l’ai regardé hier soir, et je l’ai trouvé plutôt sympa, personnellement. La scène d’intro qui rappelle beaucoup celle de « Scream », la BO aussi (Marco Beltrami, forcément), film que j’aime beaucoup, c’est bourré de clins d’oeil aux films du genre des années 80/90, et le film ose quelques trucs sympas auxquels je ne m’attendais pas forcément, vu de quoi c’est adapté à la base.
Les personnages sont plutôt bons et bien écrits, l’intrigue n’est pas mal, et la suite qu’elle appelle promet encore de beaux clins d’oeil aux films tels que les premiers Vendredi 13.

Personnellement je le conseillerais aux amateurs du genre.

Soni
Soni
il y a 3 années

Pas mal le film même si je m’attendais a ce qu’il y est plus de scène d’horreur. Je pense que c’est le genre de film pour les personne qui aiment les films d’horreur sans forcément ce pisser dessus. Histoire à connaitre donc film a regarder pour ma part.

Soni
Soni
il y a 3 années

P

lambdazero
lambdazero
il y a 3 années

C’est bien la peine d’écrire 1994 en gros sur l’affiche pour au final er des chansons parfois sorties plus tard (The Prodigy, Garbage…), ça montre le sérieux et l’implication des créateurs de ce truc même pas fun à défaut de faire peur.

fifou66
fifou66
il y a 3 années

moi jai tres bien aimé pour 1er franchement faut pas ab de dire que c est nul ya vraiment pire comme film mais sa c est pour moi

Gonzo
Gonzo
il y a 3 années

Je reste perplexe par toutes ces critiques. Ma femme est une grande fan de tous ce genre de film (slasher types scream et autres) et du coup on a regardé ca vendredi. J’avais hate car contrairement a beaucoup je trouve que Netflix fait de tres bonnes choses et on a trouvé ca absolument nul a chier. il se e rien, iles slashers sont pas effrayant, les meurtres pas interressant mise a part un a la fin du film. Les personages auraient pu etre attachant mais pas assez developpé pour l’etre, et surtout le fait que ca soit « fantastique » enleve une grande partie de l’horror de mon point de vue. On a arreté en cours de route et on s’est forcé a le finir hier.