Andor saison 2 épisodes 7-9 : Star Wars refait son ordre 66 sur Disney+ (et c’est génial)

Radio Coruscant

Après deux premiers arcs très réussis, la saison 2 d’Andor arrive probablement à son sommet avec ses épisodes 7 à 9. C’est peut-être ici d’ailleurs que la série utilise le mieux son format assez original mais rudement efficace. Si les six premiers épisodes pouvaient être vus comme deux films complets, ces trois chapitres sont assez distincts dans leur tonalité et leur forme, mais ils se suivent avec une fluidité bluffante.

La longue mise en place de la série autour de la planète de Ghorman trouve enfin sa « récompense » ici, avec un évènement qui était attendu et redouté par les fans de Star Wars, le fameux massacre des habitants orchestré par l’Empire. Le pouvoir de l’information, un des thèmes forts de cette deuxième saison, trouve son paroxysme ici, notamment avec l’usage de journalistes envoyés en duplex sur la planète pour témoigner d’une supposée attaque des Ghor, qui refusent de « respecter les normes impériales ».

Tous les personnages se percutent autour de Ghorman, emmêlés dans un épais tissu de mensonges. La couple Dedra-Syril, autrefois une vicieuse association de malfaiteurs, s’effrite à mesure que l’un comprend qu’il est manipulé par l’autre. Côté rébellion, Cassian est envoyé en mission pour assassiner Dedra sur Ghorman, sans avoir conscience de l’imminence du piège tendu par l’Empire pour soumettre les habitants à n’importe quel prix.

En résulte un climat de paranoïa et de confusion qui plane sur le début de cet arc, notamment dans son épisode 7 d’ordre plus introductif. Andor place tous ses pions sur un échiquier, près à allumer la mèche.

À feu et à sang

Depuis le début de cette deuxième saison, Andor a fait de Ghorman le cœur de son récit, la planète étant emportée dans un complot impérial visant à exploiter ses ressources impériales. Alors qu’un vent de révolte est volontairement attisé par l’Empire, on ne peut que constater avec impuissance l’exécution du plan orchestré par Palpatine et ses agents, qui trouve son épilogue dans un épisode 8 glaçant.

Le série continue de systématiquement mettre en opposition l’humanité de ses personnages avec la machine impériale uniforme, fasciste et implacable, dont l’avancée paraît inexorable. La caméra de Janus Metz Pedersen, réalisateur de ces trois épisodes, est toujours proche des visages, notamment au cours de LA séquence choc de la série, où les forces impériales se mettent à massacrer sans vergogne une place remplie de manifestants.

Une séquence d’une violence assez inouïe pour un projet Star Wars, où même Syril se retrouve à avoir une crise de conscience, remettant soudainement en question ses allégeances. Ses réelles intentions, restées ambigües toute la saison, trouvent un sens nouveau dans son visage perdu au milieu des tirs de blasters, alors qu’autour de lui sont abattus des dizaines de civils non armés.

L’épisode 8, intitulé « Who Are You ? » (ou « Qui es-tu ? » en VF) appuie le rapport assez fascinant de la série à l’anonymat, avec des personnages qui sont ramenés à leur fonction de rouage dans une machine, qu’elle soit rebelle ou impériale, emportée par le sens de l’histoire. À ce titre, la confrontation entre Cassian et Syril est une réussite totale, entre deux protagonistes en réalité invisibles aux yeux du reste de la galaxie.

Assurément, il est difficile de sortir de l’épisode 8 indemne, et celui-ci est probablement le meilleur de la série. Jamais l’Empire n’avait provoqué une peur aussi viscérale. Sans Vador ou l’Empereur dans les parages., il est simplement un régime fasciste et cruel, où les stormtroopers trouvent enfin leurs cibles. Des cibles qui ne sauront jamais vraiment pourquoi elles le sont devenues, alors que l’épisode s’achève évidemment sur la propagande impériale, qui pleure ses « héros » et justifie le massacre par « une tentative d’insurrection ». La boucle est presque bouclée.

I am the Senate

Presque, car Andor fait le choix plutôt brillant de directement embrayer avec les conséquences de l’attaque sur Ghorman avec un épisode entièrement consacré à Coruscant, capitale de l’Empire. Ainsi, Mon Mothma, coeur de la résistance directe à Palpatine au Sénat, se met en tête de dénoncer le massacre. Un geste désespéré et courageux, dont elle connaît les conséquences.

S’engage alors une course contre la montre, loin de la terre entachée de sang de Ghorman, mais tout aussi importante, alors que l’appareil médiatique essaie de faire taire la sénatrice. Andor met plus que jamais en avant l’indifférence face au fascisme, alors que les politiques de Coruscant boivent la propagande impériale et ne réagissent même pas à l’arrestation de l’un des leurs.

Avec son discours sur la vérité, établissant les évènements de Ghorman comme un génocide (le terme est explicitement utilisé), la série fait évidemment écho à l’actualité mondiale, prenant clairement position et rappelant la nature fondamentalement… rebelle de Star Wars à l’origine. Ce double épisode agit comme un tournant, où Andor cristallise tous ses combats en une phrase : « la mort de la vérité est la victoire ultime du mal ».

Sortie de l’ombre, Mon Mothma engage la rébellion dans une guerre ouverte contre l’Empire, avec un effort enfin organisé sur Yavin 4. Mais la série n’en oublie pas son protagoniste, Cassian (interprété par un Diego Luna bouleversant), réitérant son sacrifice absolu pour la cause, contre même son gré. Avec trois épisodes restant au compteur, ses jours sont comptés, la route vers Rogue One est inexorable, tout comme celle qui mènera à la première trilogie Star Wars.

Ce triptyque tendu sonne comme une fatalité, la fin de quelque chose mais aussi un renouveau, la nuit sombre avant le lever du soleil. Pas de doute, Andor s’engage dans sa dernière ligne droite, mais on gardera longtemps en mémoire cet arc d’épisodes, à n’en pas douter son meilleur, et peut-être ce qui s’est fait de mieux dans la galaxie très lointaine depuis des années.

Les épisodes 7 à 9 de la saison 2 d’Andor sont disponibles depuis le 7 mai 2025 sur Disney+.