Le producteur de Transformers pour proposer un studio de cinéma spécialisé dans l'IA générative... et exposer toute l'hypocrisie des défenseurs de cette technologie dans l'industrie. Petit édito exaspéré.
Du 20 heures au PMU du coin, du serveur Discord d'Ecran Large aux repas de famille énervés, tout le monde a un avis sur l'intelligence artificielle générative (celle qui génère du texte et de l'image, et qui doit sa popularité à ChatGPT et Midjourney). Dans l'espace public, c'est devenu l'instrument de prédilection des arnaqueurs de tous poils, des vidéastes flemmards ou fauchés, des publicités pour les écoles de commerce douteuses, et des politiciens les plus obscènes.
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Dans la presse culturelle, c'est la concurrence d'une vague de bots s'immisçant dans la moindre faille des algorithmes pourris de Google, propriété "d'entrepreneurs", piétinant les dernières traces d'information en ligne pour un billet facile. C'est des milliers de fausses bandes-annonces, culminant pour certaines à plusieurs millions de vues, polluant Youtube jusqu'à faire de l'ombre au vrai matériel promotionnel (la preuve au JT de 2 avec un faux Superman). Et c'est du vol pur et simple d'articles, commis en toute impunité, comme 99% des infractions survenant désormais en ligne.
Au cinéma enfin, c'est la menace qui plane sur de nombreux emplois. Personne n'est dupe : la possibilité de générer instantanément un long-métrage sans avoir à composer avec les exigences salariales ou artistiques des équipes engagées, c'est un rêve humide pour les exécutifs à la tête des majors. Un rêve que certains essaient de faire réalité, démonstration à l'appui.
De Divergente à convergent
Cette vidéo d'une laideur plastique remarquable est grosso modo la bande démo d'un studio tout neuf, Staircase Studios. Enfin, tout dépend de la définition de "studio". Cette firme a été fondée par Pouya Shahbazian, producteur des deux premiers Divergente qui a participé à quelques films salués par la critique, comme Love, Simon ou le superbe American Honey d'Andrea Arnold. Plus récemment, il était au générique de la série Shadow and Bone sur Netflix.
Il s'est trouvé comme partenaire et investisseur principal Kenneth Lerer, homme d'affaire cofondateur du Huffpost et ancien président de Buzzfeed. Enfin, ils sont conseillés par ce vieux roublard de Lorenzo di Bonaventura, ancien ponte de Warner parti chapeauter les sagas Transformers et G.I. Joe.
En 2012, il disait dans le documentaire Side by Side à propos du cinéma amateur, permis par l'accessibilité des moyens de captation :
"Il y a moins de bon, plus de mauvais. Parce que tout le monde peut faire ce qu'il veut faire. La démocratisation, fantastique ! Mais je pense que mes enfants vont en souffrir. Ils n'auront pas la qualité qu'on a eue en grandissant. Parce qu'il n'y a pas de... faiseur de goût là dedans."
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Superbe article. A vomir l’évolution de l’IA générative et de ses mecs blindés de thune qui veulent en profiter pour en faire encore plus.
Article génial merci !!!!
apres il y a quand meme du chemin de fait depuis 1an et les bandes annonces panavision..
tout n est pas parfait..mais bon..ça manque un peu d energie..et de vie..pour l instant pas encore convaincu..meme si des points positifs..
La scène de bar avec petite musique jazzy et MP3 de « bruits de fond de bar » il y as une scène ou un gamin joue avec un balle qui semble disparaitre. C’est moche on dirais des photos IA Pinterest animées.
C’est clair que leur 5 minutes de téléfilm du dimanche après midi en IA donne pas du tout envie. Merci pour l’article, je suis globalement d’accord avec ! Pourtant, et même si ce n’est pas de l’ia, un exemple comme celui du film d’animation flow montre que les techniciens ont du souci à se faire, car la puissance de création accessible à une équipe au moyens réduits devient de plus en plus grande. (Après il y a un travail de dingue sur flow)
Sur les 5 minutes montrées dans l’article, je ne comprends pas pourquoi ils n’ont pas corrigé les trucs les plus évidents (genre mettre un titre au journal ça prenait 1/2h sur after effects, reprendre un peu l’étalonnage pour lui donner un peu de personnalité, ajouter des petits mouvements de caméra pour rendre le truc un peu vivant…) ça n’aurait pas rendu le produit final incroyable, mais ça aurait peut-être un peu aidé, et pour beaucoup moins cher que sur une production classique.
Parce que ce qui m’attriste le plus, c’est que l’on a l’impression d’un robot à la réalisation. Si c’est pour produire ce genre de trucs sans aucun intérêt, autant remplacer aussi le réal par une IA.
Mais franchement je vois pas qui va aller se déplacer au cinéma pour voir ça. Et même en streaming, je pense que l’on décroche très vite.
L’ia gère super bien les croix gammées, ça doit être celle qui est développée par Musk.