Quel est le meilleur film de la Jeremy Renner) ? On a tout revu et classé, du pire au meilleur.
Hollywood a essayé durant des années d’adapter les livres de Robert Ludlum sur Jason Bourne. Ce n’est qu’à l’aube de l’an 2000 et après de multiples embûches en coulisses que le projet a pu se concrétiser, avec Matt Damon.
C’était en 2002 avec La Vengeance dans la peau en 2007. Mais à la manière des livres, qui ont continué sans Robert Ludlum avec une ribambelle de suites (La Peau dans la peau, La Trahison dans la peau, Le Danger dans la peau, La Mensonge dans la peau…), la saga ne s’est pas arrêtée au cinéma.
En 2012, ils ont essayé de continuer la franchise sans Matt Damon avec Treadstone, qui raconte en partie les origines du programme (et qui a été annulée après une saison).
Jason Bourne est donc devenue une saga incontournable, et un sacré business. D’où l’envie de classer tous ces films, du pire au meilleur.

5. JASON BOURNE
- Sortie : 2016
- Durée : 2h04

Pourquoi Matt Damon et le réalisateur Paul Greengrass ont-ils rempilé pour un nouvel épisode après avoir clôturé la trilogie, et laissé la franchise continuer sans eux ? Probablement pas pour le scénario, qui bricole un vulgaire prétexte (tiens, le père de David Webb était impliqué dans Treadstone !) afin de justifier le retour de Jason Bourne. On espère donc qu’ils ont eu de quoi refaire leurs piscines olympiques privées.
Douze ans après, le héros en acier trempé ressort donc de sa tanière pour enquêter sur son é, encore une fois et comme au premier jour. Car ce Jason Bourne a des airs de best of : Nicky Parsons lui file un coup de main avant d’être abattue comme Marie histoire de l’énerver encore plus, pendant que ça s’affronte en silence au sein de la CIA entre les méchants et les plus méchants encore. L’ersatz de Mark Zuckerberg placé au milieu de l’intrigue est une vaine tentative de démontrer qu’il y a du neuf dans cette histoire qui sent la naphtaline.

Paul Greengrass a pourtant mis la main à la patte en co-écrivant lui-même le scénario cette fois, avec l’aide de l’autre artisan de La Mort dans la peau et La Vengance dans la peau : le monteur Christopher Rouse. La mise en scène trépidante du cinéaste ne serait rien sans l’art du montage, donc l’idée de les laisser piloter un film entier était alléchante. Mais le duo a simplement repris les ficelles de la trilogie, et donc pondu une intrigue-prétexte à des scènes d’action. Soit une formule un brin poussive à ce stade.
Sans surprise, c’est la mise en scène qui sauve (presque) Jason Bourne de l’ennui absolu. Caméra virevoltante, montage ultra-nerveux, musique entraînante : rien que le long morceau à Athènes en est une démonstration sensationnelle, qui rappelle les meilleurs moments de la saga. Mais jamais ça ne justifie le retour de Jason Bourne, condamné à tourner en rond sans que personne n’arrive à masquer la supercherie (ni Vincent Cassel en méchant très méchant).
Le pire là-dedans : Jason Bourne a piétiné la fin tout à fait satisfaisante de La Vengeance dans la peau (laissé pour mort dans l’eau, il s’en va dans l’obscurité), pour simplement la refaire en moins bien (il ne se laisse pas piéger par la mesquine agent de la CIA, et s’en va). Ça rappelle un peu la saison 9 de 24 heures chrono qui avait salopé la fin de la saison 8 tiens.
4. JASON BOURNE : L’HÉRITAGE
- Sortie : 2012
- Durée : 2h16

Malgré la conclusion logique de La Vengeance dans la peau, Universal ne voulait pas laisser la juteuse franchise Jason Bourne au placard, surtout à un tournant de décennie où James Bond et Mission : Impossible revenaient en force. C’est peut-être pour cette raison que Jason Bourne : L’Héritage n’a été perçu qu’en tant que spin-off dispensable aux velléités commerciales. Cette fois, on y suit Aaron Cross (Jeremy Renner, convaincant en successeur de Matt Damon), membre d’un programme similaire à celui de Bourne, dont ce dernier a compromis le secret. Traqué par les agences gouvernementales qui veulent éliminer tous les agents concernés, le voilà à fuir à son tour, en quête de son identité et de la vérité.
D’un point de vue de sa fabrication, L’Héritage souffre de son cahier des charges pesant, le contraignant à recréer le même mode opératoire narratif (une course-poursuite aux airs de va-et-vient entre les bureaux de la CIA et les actions de Cross) et les mêmes scènes d’action, sans jamais pour autant traduire le même chaos défragmenté que Paul Greengrass. Néanmoins, on a balayé un peu trop vite le projet d’un revers de main, alors qu’Universal a bien fait de le confier à Tony Gilroy, le scénariste des trois premiers films, et accessoirement réalisateur de Duplicity et Michael Clayton.

Conscient qu’il a entre les mains une intrigue annexe, dont le but n’est que de prolonger les embranchements complotistes de la saga, le réalisateur lui préfère des moments plus suspendus, voire abstraits, à l’instar de cette première partie fascinante dans la neige, où Cross évolue en quasi-survivaliste sans qu’on ne sache grand-chose de lui. Plus tard, la scène de tuerie dans le laboratoire rebat les cartes avec une approche étonnamment glaçante.
A partir de là, on comprend que la caméra à l’épaule a surtout pour intérêt de coller aux personnages, à leurs regards et à leurs doutes, et de révéler une humanité plus à fleur de peau que dans les autres opus. La relation qui se tisse entre Jeremy Renner et Rachel Weisz parvient à émouvoir, tant qu’elle est décorrélée de la mécanique trop bien huilée du thriller paranoïaque. Malheureusement, on a surtout retenu de Jason Bourne : L’Héritage son dernier acte ronflant, qui gâche clairement la fête.
Mais il est peut-être temps de lui redonner sa chance, surtout maintenant que Tony Gilroy a impressionné tout le monde en showrunnant la meilleure série Star Wars : Andor. Les usines de Manille qui interviennent dans la dernière partie du film, et qui laissent voir un nombre imposant d’ouvriers comme autant de rouages déshumanisés d’un système oppressif, ne sont pas sans rappeler la prison de Narkina-5.
3. LA MÉMOIRE DANS LA PEAU
- Sortie : 2002
- Durée : 1h58

Véritable surprise lors de sa sortie en 2002, La Mémoire dans la peau avait surtout ringardiser une certaine idée du cinéma d’espionnage de l’époque – pour rappel, la même année, James Bond surfait sur un tsunami numérique affreux dans Meurs un autre jour. Forcément, l’approche paranoïaque des romans de Robert Ludlum, couplée au filmage décomposé et heurté de l’ensemble faisait un choc.
Pourtant, à la revoyure, le premier volet des aventures de Jason Bourne est bien un film de Doug Liman, éternel bon faiseur capable du pire (Mr. et Mrs. Smith, Chaos Walking) comme du meilleur (Swingers, Edge of Tomorrow). Concrètement, on sent que le cinéaste a potassé son Tony Scott illustré, et donne à sa mise en scène cette impression de kaléidoscope qui suivrait à la manière de Big Brother le personnage dans chaque recoin du monde.

En fait, il y a dans La Mémoire dans la peau cette sensation d’un potentiel, d’une germe qui s’apprête à éclore et à emporter définitivement le cinéma d’action américain dans le années 2000, et dans ce « chaos cinema » (terme du théoricien Matthias Stork) qui privilégiera la « surcharge sensorielle » par rapport à la clarté spatiale. A ce titre, le film reste un carrefour évident et fascinant pour le Hollywood de cette période, avant que Bad Boys 2 ou Man on Fire ne viennent transcender cette démarche.
Reste que Doug Liman n’offre encore qu’un brouillon pas encore jusqu’au-boutiste, mais sans doute idéal comme porte d’entrée de la future franchise. Matt Damon impose son joli minois sans problème, et le film possède quelques grands moments, comme la poursuite à Paris. Pour autant, on apprécie qu’Universal ait préféré confier les suites au regard plus frontal et affirmé de Paul Greengrass.
2. LA VENGEANCE DANS LA PEAU
- Sortie : 2007
- Durée : 1h56

La Vengeance dans la peau a un petit problème : le film est par nature condamné à exister dans l’ombre de La Mort dans la peau, dont il est la continuation directe. D’où l’impression de replonger dans le même bain, avec une aventure qui réutilise les mêmes ficelles et rejoue les mêmes scène, encore une fois. Malgré ça, ce troisième épisode reste de haute volée grâce au réalisateur Paul Greengrass, qui emballe quelques uns des moments les plus marquants de la saga.
Il y a d’abord la scène à la gare de Londres-Waterloo, où Jason Bourne tente de sauver le journaliste Simon Ross pourchassé par la CIA. Pendant une dizaine de minutes, le cinéaste place tous les pions pour créer un jeu du chat et de la souris certes familier (le décor urbain, la foule, la surveillance, la stratégie de la fuite calculée), mais d’une efficacité redoutable, et qui se termine dans le sang.

Il y a ensuite la partie de chasse à Tangier, qui s’étire là encore sur une bonne dizaine de minutes. Déé par les événements (la mort de Daniels avec la voiture qui explose), le héros essaye de reprendre le contrôle de la situation en sauvant Nicky. Entre la tonitruante course-poursuite à moto, le cache-cache dans l’immeuble silencieux et la baston brutale avec Bouksani, il y a là un parfait condensé de la recette Jason Bourne.
Avec un ingrédient supplémentaire toutefois : l’incroyable fuite sur les toits, où le réalisateur joue adroitement avec la verticalité du décor en jetant finalement son personnage à travers les fenêtres (allez donc voir le making of pour saluer le sang froid de l’opérateur caméra, qui s’est lancé dans le vide lui aussi).
La dernière partie de La Vengeance de la peau est nettement moins inventive. Entre le décor new-yorkais et l’obligation de boucler un minimum les intrigues, le film retombe dans les facilités. Le é de Jason Bourne (son identité, son entrée à Treadstone, ses missions) et les magouilles au sein de la CIA (les vrais et faux méchants) ont toujours été moyennement inspirés, et le dénouement est logiquement ultra-classique. Le troisième épisode se termine néanmoins sur une note satisfaisante en offrant finalement une double rédemption au personnage, qui épargne son faux ennemi Paz puis s’en va sur l’inévitable Extreme Ways de Moby. Ce qui était une conclusion tout à fait réussie… jusqu’à ce qu’ils décident de refaire un film dispensable.
1. LA MORT DANS LA PEAU
- Sortie : 2004
- Durée : 1h49

La Mort dans la peau et La Vengeance dans la peau sont quasiment un seul et même film. Ils sont tous les deux réalisés par Paul Greengrass, et leurs histoires se chevauchent puisque la dernière séquence de La Mort (rajoutée deux semaines avant la sortie par le réalisateur) se déroule en réalité au milieu de La Vengeance, montrant bien à quel point ils sont entremêlés. Le fait qu’ils soient intercalés entre deux opus complètement différents (La Mémoire dans la peau et Jason Bourne : L’héritage) renforce cette unité.
Mais le deuxième épisode de la saga Jason Bourne est en première position du classement parce qu’il a un avantage : c’est à partir de là que tout a changé, et que la franchise a basculé pour sortir du lot. Choisi par les producteurs après le choc Bloody Sunday (2002), Paul Greengrass a changé toute l’approche de l’action, en mettant l’acteur et le mouvement au centre du film (et non la caméra, qui dicterait tout par son placement).

Résultat : La Mort dans la peau est un petit électrochoc sensoriel, où la caméra semble ne jamais s’arrêter, guidée par des personnages constamment en fuite. La musique de John Powell, le montage de Christopher Rouse et la photo de Oliver Wood jouent un rôle crucial dans cet état de tension permanent, comme si le film était un train lancé à toute vitesse. A condition d’adhérer au style sans avoir la nausée, l’impact est formidable. Et avec le recul et après des années de blockbusters qui ont singé ces effets en ne les maîtrisant que trop rarement, c’est encore plus saisissant.
La Mort dans la peau est aussi le grand point de bascule pour Jason Bourne avec la mort particulièrement brutale de Marie. Oui, c’est une ficelle extrêmement basique, voire ringarde (motiver un héros en tuant sa chérie), et c’est bien dommage vu le talent de Franka Potente. Mais dans une saga aux enjeux si simplets, c’était probablement le meilleur choix possible pour donner une raison d’être aux suites. La violence de la scène donne le coup d’envoi de la chasse qui s’étalera sur les deux films, et justifiera les décisions presque kamikazes du personnage. De quoi en faire un épisode particulièrement solide à tous les niveaux, et probablement le grand pic de toute la saga.
Je suis d’accord avec ce classement.
A une exception : je trouve quand même que le 5 est plus captivant que le 4 en termes de film d’action. Ils ont tous leurs qualités et leurs défauts. Même s’il ne repose que sur une redite des premiers films. Si je vous lis bien, vous trouvez que le 4 a plus de nouveauté (ou originalité ?) que le 5. Mais je trouve aussi qu’il reprend le schéma des autres films.
Question : comment expliquez que la Vengeance dans la Peau ait gagné trois oscars pour des qualités que la Mort dans la Peau possédait déjà alors qu’il n’était même pas nominé dans ces catégories ?
Je les ai tous adoré sauf Legacy que j’ai pas vu et pourtant, j’adore Renner
Petite erreur dans la date de sortie de « La Mémoire dans la peau ». C’est 2002, non 2022.
Pour moi le 1er est le meilleur ou mon préféré en tout cas, voir le héro avec un pull troué marron faire une course poursuite épique en Austin Mini pourrie en plein Paris sur fond » Ready steady go! » de Paul Oakenfold. Le charme de Franka Potente très loin des actrices hollywoodiennes habituelles.Quand au denier c’est une catastrophe qui renie le sens de la saga.