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Non, Disney n’est pas woke : analyse d’une entreprise pas si progressiste que ça

Par Déborah Lechner
20 septembre 2024
MAJ : 20 septembre 2024
© Canva Disney/Pixar

Nouvel édito d'Ecran Large écrit à la première personne, cette fois sur Disney et pourquoi ce n'est pas l'entreprise progressiste qu'elle prétend être.

Le temps des princesses Disney qui rêvent d'amour (hétéro) et jouent les boniches avec le sourire est révolu. Pour autant, les princesses n'ont pas disparu et les histoires d'amour non plus. Elles ont simplement pris des formes plus variées et, ce n'est pas un gros mot, plus inclusives. Mais ça, ça énerve celles et ceux qui brandissent la carte "wokisme" à tout-va comme un carton rouge.

Une Ariel noire ? Un couple homosexuel ? Un méchant blanc ? Une adolescente avec un peu de bide ? Ce sont pour certains les preuves irréfutables que Disney serait devenu un dangereux propagandiste qui met des noirs et des gays dans ses films pour endoctriner les enfants et les convertir. À quoi, je cherche encore. Toujours est-il qu'on en est arrivé à débattre du taux de mélanine que devrait avoir une sirène et à considérer dangereux et malsain un plan d'une demi-seconde montrant deux femmes qui s'embrassent sur la bouche...

Parfois, j'ai envie d'en rire, parfois d'en pleurer et parfois d'en faire le sujet d'un édito, d'où cet article légèrement salé. Mais plutôt que de pointer du doigt l'ire d'une partie un peu trop spécifique du public (pour ça, je vous renvoie vers Vice-Versa 2 en sont les derniers tristes exemples.

"Faisons un édito avec le mot "woke"partout"

ALLONS-Y GAYMENT

Une minorité très bruyante hurle désormais au wokisme à la simple vue d'une femme ou, sacrilège, d'une femme noire. Dans un narratif plus imaginatif, il y a aussi le "lesbienne, trans, obèse et unijambiste" qui vient avec. Je rêverais d'ailleurs que ce personnage existe, car il ferait couler encore plus de larmes que d'encre. Mais pour l'instant, on a Alisha Hawthorne, la commandante de Star Command dans Buzz l'Eclair qui est noire et lesbienne (et plein d'autres choses qui ne comptent apparemment pas).

A un moment, elle embrasse sa femme dans un montage elliptique façon Là-Haut. Cette scène, ou plutôt ce plan, a entrainé une vive polémique trois mois avant la sortie du film, ainsi que les sempiternels appels au boycott d'une partie du public. Mais en premier lieu, ce petit bisou qu'on peut rater en clignant des yeux a surtout été un problème pour Disney.

https://www.youtube.com/watch?v=T80fRtoZJsw

"Je crois sincèrement que nous sommes une entreprise infiniment meilleure et plus forte grâce à notre communauté LGBTQ+. [...] J’ai raté le coche dans cette affaire mais je suis un allié sur lequel vous pouvez compter, et je serai un fervent défenseur de la protection, de la visibilité et des opportunités que vous méritez"comme l'a clamé le big-boss Bob Chapek en mars 2022 ... en réaction à une lettre ouverte de plusieurs employés LGBTQ+ de Pixar excédés par leur maison-mère.

Ceux-ci reprochaient notamment à Disney d'avoir censuré le fameux bisou dans un précédent montage de Buzz l'Eclair, et plus globalement de pénaliser les thématiques gays ou d'effacer les marques d'affection entre personnes de même sexe/genre sans tenir compte des protestations des équipes créatives et des dirigeants de Pixar. Surtout que ces tentatives d'inclusivité et de représentation survenaient dans un contexte important : celui du age de la loi conservatrice surnommée "Don't say gay" en Floride.

...

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Mr. Kong
Mr. Kong
il y a 8 mois

Disney est complètement woke, c’est juste que vous l’êtes encore plus que lui.

zurdo
zurdo
il y a 8 mois

Merci pour cet édito Déborah, c’est une rubrique vraiment intéressante qui permet d’avoir vos visions de l’industrie et vos propres interprétations des œuvres, ce qui donne une vraie valeur ajoutée à votre site (vous, en fait)!

Pour revenir à Disney, plus qu’un mirage, je crois que le progressisme chez eux a été victime de la terrible guerre culturelle qui se déroule aux USA et avec laquelle l’entreprise est en prise directe, en tant que studio mais aussi en tant qu’employeur de milliers de personnes dans ses parcs. Cette guerre culturelle (progressistes contre conservateurs radicalisés) et politique fait des ravages là-bas, déchire les familles américaines (je sais de quoi je parle j’ai de la belle famille là bas), la violence monte et va jusqu’à provoquer des morts (5 personnes le 06 Janvier, le militant tué lors de la tentative d’assassinat de Trump, etc…).

Je n’ai aucune sympathie particulière pour Disney, mais l’entreprise à un moment donné a bel et bien essayé d’être la plus inclusive possible, tant dans ses films (pas seulement d’animation, les Marvels également) que dans ses parcs. Elle a tenu tête à Ron De Santis, le gouverneur de Floride, qui les a « puni » en leur supprimant des milliards de subventions suite à des prises de position de Disney critiquant le système éducatif anti-gay de Floride, mettant en avant au contraire l’inclusivité de leurs parcs et de leur politique de recrutement. Finalement ils ont perdu en justice et ont du capituler pour trouver un arrangement, un peu comme dans leurs films finalement.

C’est regrettable, mais ça a du sens (économique). Au beau milieu d’années très compliquées pour l’entreprise, les américains sont désormais tellement divisés qu’ils vont voir ou pas un film en fonction de son orientation politique. Commentaire entendu là bas cet été par rapport au film Twisters : « c’était super de voir un film sans prétention et sans message politique » (comprenez « aucune position progressiste qui aille à l’encontre de mes opinions conservatrices »). Ce qui explique complètement son succès là bas d’ailleurs. Disney fait du business et semble avoir décidé de ne plus se priver d’une frange de la population en forçant un message certes noble, mais clivant. C’est le retour du repli et du conservatisme, comme dans le choix des futurs films avec des suites à la pelle de valeurs sûres. C’est triste, mais pour l’instant, ça marche…

Bipbip
Bipbip
il y a 8 mois

Est-ce qu’on a le droit de dire que c’est un débat profondément ennuyeux?
D’un côté, y a les anti qui comptent le nombre de noirs, gays ou autre en disant que c’est trop. De l’autre, on a les pour qui compte le nombre de noirs, gays ou autre en disant que ce n’est pas assez.
Au milieu de ça, on e, à mon sens, à côté de réels problèmes: la qualité.
Qu’il y ait un personnage lesbien dans Buzz l’eclair, est-ce un problème ou est-ce que ce film est raté et n’était tout simplement pas attendu donc n’a pas attiré? Personnellement, je penche pour la deuxième solution. Pareil pour The Acolyte. C’est une série ratée.
La plupart du temps dans les films des grands studios de type disney, les personnages gays sont amenés de manière pas du tout simple, très maladroite, caricaturale, nulle… et très mal écrit
Je sais qu’aujourd’hui, beaucoup critique la série Friends parce qu’elle serait grossophobe, trop blanche trop…Mais dans cette série, dès la première saison, on a un personnage qui fait son coming out et il y a un mariage lesbien. Je n’ai toujours pas vu dans des séries « modernes » l’équivalent. (je ne regarde pas tout).
Franchement, quand c’est bien écrit, y a pas de raison de tiquer, de dire c’est nul! Je lis le livre assez amusant La société protectrice des Kaijus de John Scalzi et il introduit de manière tout à fait naturel un couple homo, un iel… Ma conclusion a toujours été: on s’en fout si c’est bien! J’ai toujours été et je suis toujours fan de Freddy Mercury et quand j’ai appris qu’il était homo, j’ai pas jeté ses album. braf, débat chiant

Seb1109
Seb1109
il y a 8 mois

Décidément, alors que je me suis abonné il y a quelques temps afin de lire la critique de la série Dr quinn, je dois me rendre à l’évidence, enfin plutôt deux évidences : je vais devoir me réabonner pour cet article qui semble ionnant, et Déborah en est toujours à l’origine ahah.
En attendant de découvrir l’article demain, je ne trouve pas Disney progressiste. Mettre des scenettes avec des gays qu’ils peuvent retirer facilement afin d’aller vendre leur film aux pays vivant au Moyen-âge, ça m’énerve ! C’est prendre les Occidentaux pour des quiches. Exception faite pour Avalonia (qu’on aime ou pas ce film, j’ai ADORÉ que l’homosexualité du personnage ne soit pas un sujet mais une information lambda). Mais vu la façon dont ils ont fait fonctionner leur (non) marketing on a plutôt l’impression qu’ils voulaient cocher une case sans pour autant faire trop de vagues.

amebix-winter
amebix-winter
Abonné
il y a 8 mois

Pas grand chose de plus à rajouter si ce n’est un tout grand merci pour cet article extrêmement pertinent ! 🙂

Joey Joe Joe Jr Shabadoo
Joey Joe Joe Jr Shabadoo
Abonné
il y a 8 mois

Aaaahh. C’est pour ce genre d’articles que je suis abonné à EL 😁.

Comme souligné dans un autre comm, disney est une société qui ne vise que les $$$ et rien d’autre. Inclure des personnages LGBT, ça peut amener la communauté en salles…MAAAIIS ça effraie les Chinois. Donc, idéalement il faut pouvoir couper ces personnages au montage.

Pour ma part, je suis full boycott Disney depuis le début de leurs années « remake live action »

MarionL
MarionL
Abonné
il y a 8 mois

Très bel article merci Déborah !

Nain
Nain
il y a 8 mois

Dommage d’utiliser le mot woke (qui ne veut rien dire) dans le titre du coup. A moins que vous n’utilisiez le mot dans son premier et réel sens mais comme c’est justement jamais dans ce sens là qu’il est utilisé (car toujours péjoratif), et notamment si on parle des critiques envers Disney…

Ropib
Ropib
il y a 8 mois

Ah, voilà !

desastre
desastre
il y a 8 mois

Déborah présidente ❤️