Les Simpson l’avaient (encore) prédit
Si le pitch de L’I.A. du mal risque de raviver, dans l’esprit du public, le souvenir de l’un des meilleurs épisodes de l’histoire des Simpson, à savoir Le robot tueur, ce n’est pas pour rien. Dans cet épisode d’Halloween qui parodie 2001 : l’Odyssée de l’espace, une intelligence artificielle avec la voix de Pierce Brosnan fait tout pour répondre aux besoins de la famille Simpson, avant de dégénérer et de devenir malfaisante,
Tout L’I.A. du mal est déjà présent dans ce bijou d’humour télévisuel, pourtant diffusé en 2001, et dont le film de Chris Weitz n’arrive évidemment pas à la cheville dans sa version horrifique et premier degré. Il ne faut pas attendre non plus du nouveau Blumhouse qu’il aborde la question de l’indépendance des machines avec la profondeur de réflexion d’un Terminator.
Plutôt qu’une réflexion dystopique d’envergure, L’I.A. du mal est une extrapolation éphémère et imprécise autour de l’imagerie étrange à la Midjourney telle qu’elle a envahi les réseaux sociaux au cours de l’année 2024, et ne prétend pas en faire autre chose qu’un à frissons faciles. Et, finalement, pourquoi pas ?
Car oui, le sujet des intelligences artificielles fait facilement peur, et L’I.A. du Mal met généreusement en scène ce qui peut er par la tête du quidam lorsqu’il voit défiler sur ses écrans des visages numériques aux sourires déformés et des textes sans queue ni tête signés ChatGPT. L’un de ses défauts serait presque d’arriver quelques semaines trop tard, tant les IA se sont déjà améliorées depuis le franchissement de cette uncanny valley.

L’I.A. du pas si mal
En revanche, il y a aussi beaucoup d’éléments qui surprennent agréablement dans ce film qui se place facilement au-dessus des autres “Blabla du Mal” de ces dernières années, à commencer par Les Cartes du Mal sorti aussi en 2024. Tout d’abord, il faut mentionner le casting, composé d’excellents acteurs, de John Cho à Katherine Waterston en ant par les seconds rôles de Havana Rose Liu et David Dastmalchian (sans oublier les enfants du couple, auxquels il est laissé quelques petits moments de vie salutaires à l’écran).
Là où l’écriture des personnages et la cohérence des scènes sont parfois mises à mal par des raccourcis boiteux, la solidité de l’interprétation change complètement la donne sur l’ensemble du film. Pour preuve : la séquence dans laquelle deux personnages sont censés régler un potentiel adultère au milieu de la tourmente en se regardant deux secondes dans les yeux et en se disant “je t’aime”. Sur le papier, ça sent le grossier reshoot de colmatage avec un stagiaire café aux dialogues. Mais dans la bouche des acteurs, ça fonctionne (à peu près).
Par ailleurs, même si le réalisateur use à foison du jump scare facile, force est de constater qu’il parvient parfois à faire trembler, et ce dès la scène d’introduction, ce qui fait plaisir. En laissant parler de lui-même le potentiel horrifique des images tordues générées artificiellement, il joue sa carte la plus simple et la plus efficace. Idem lorsqu’il tire subtilement mais sûrement ces illustrations vers une imagerie plus torturée, ne serait-ce que le temps d’un flash, sous-entendant que le véritable visage du business mortifère des I.A. peut se révéler à tout moment, dans le film comme dans le monde réel.
Autre pertinence de l’intrigue : un parallèle nécessaire est fait entre la progression des intelligences artificielles d’un côté, et la montée de la haine en ligne de l’autre, à l’heure où la modération disparaît de réseaux comme Twitter sous l’impulsion d’Elon Musk, et que les discours violents se libèrent. L’avancée main dans la main de ces deux phénomènes qui se nourrissent mutuellement pourrait faire l’objet d’un film à part entière, mais L’I.A. du Mal a le mérite d’être l’un des premiers à l’illustrer un tant soit peu.

Il I.A. du bon et du moins bon
Malheureusement, au vu de son potentiel et de ses réussites, le film déçoit aussi par trop de faiblesses qui le tirent vers le bas. On pense notamment au manque de cohérence dans les thématiques sous-jacentes : la citation d’introduction, le dialogue final et la question de l’adultère (tellement balayée et désossée en comparaison de sa mise en place lourdingue qu’elle indique que le film a peut-être été charcuté au montage) laissaient penser que le fil conducteur serait un manque d’amour “ressenti” par une I.A. jalouse du concept de sentiment.
Or, le développement de l’intrigue zappe totalement la question en se focalisant uniquement sur une prise de pouvoir progressive de l’ordinateur au fil de scènes téléphonées. Dommage, car la relative profondeur du scénario s’en trouve largement amputée. Au-delà du côté générique (mais loin d’être honteux) de la mise en scène, de la photographie, de la narration et de la direction artistique, faiblesses basiques et certes non négligeables des productions Blumhouse les moins ambitieuses, il faut noter que l’une des plus grandes qualités du long-métrage est aussi l’un de ses plus gros défauts.

Effectivement, comme mentionné plus haut, le film parvient parfois à effrayer, et c’est presque l’essentiel. Seulement, ses meilleures scènes à teneur flippante reposent, pour la plupart, sur autre chose que l’I.A. Devant la difficulté à matérialiser une menace numérique, le film trouve une excuse pour faire seconder l’ordinateur par des personnes réelles, et ainsi retomber dans des leviers faciles de home invasion et de silhouettes tapies dans l’ombre. Bien que classiques, ces images fonctionnent… Mais le problème est qu’elles sont en soi un aveu d’échec vis-à-vis du sujet.
Et c’est malheureusement lorsque cette incohérence arrive à son paroxysme que le film se conclut dans un festival de grand n’importe quoi. Heureusement, le plaisir du visionnage et l’efficacité de certaines séquences perdurent au-delà dans l’esprit du spectateur, ainsi que cette remarque : L’I.A. du Mal fait office de parfait complément au film Les Guetteurs, réalisé par Ishana Shyamalan et sorti plus tôt cette année, tout aussi inégal et incomplet dans sa réflexion, mais qui lui aussi parlait en sous-texte de la quête des I.A. d’atteindre quelque chose de l’humain.

Des incohérences de haut niveau: une IA prend le contrôle d’une radio, d’un laptop toute seule….trop forte…
A la vue du générique, je pense : »Ah c déjà fini??? »
Ce film n’est qu’une copie de Génération Proteus mais en plus moderne. Vite vu, vite effacé. Aucun jumpscare contrairement à la critique ci dessus…..On s’ennuit ferme…..
un des pires titres de tous les temps