LE GRAND FESTIN ANDERSONIEN
Doté une nouvelle fois d’un casting pléthorique (Wes Anderson confectionne le récit enchâssé dans trois époques d’une vie riche en rebondissements, celle de Zero Moustafa. Réfugié politique, lobby boy, fugitif, milliardaire, son parcours délirant offre au réalisateur l’occasion de jouer comme jamais avec la grammaire visuelle qui est la sienne : décors saturés de détails, formats d’images divers, variété des styles et des tonalités… Le spectateur ne sait plus où donner de la tête, irant simultanément ce menu pantagruélique autant que sa cohérence impressionnante.
À première vue, The Grand Budapest Hotel s’inscrit avec évidence dans l’œuvre d’Anderson. Il compose toujours ses scènes autour de vignettes virtuoses, joue du pathétique autant que de l’humour, décompose des figures de style cinématographiques connues (la fusillade, la poursuite, l’évasion) pour mieux mettre en évidence l’absurdité de ces mêmes conventions et laisser ses personnages y évoluer avec une liberté rafraichissante. Comme toujours, la beauté de l’image et du découpage va de paire avec un humour aussi féroce que délicat (comme en témoigne le sort réservé ici aux chats et aux avocats). Pour autant, l’artiste est loin de se complaire dans un système rigide et nous propose aujourd’hui une digression thématique logique, qui entraîne son récit et sa galerie de personnages très loin de son univers habituel.
RÊVE EUROPEEN
Anderson a souvent été décrit comme le plus européen des réalisateurs américains, quand la filiation de ses travaux avec les grands genres hollywoodiens (du burlesque en ant par le road movie sans oublier le Nouvel Hollywood) a toujours été son influence primordiale. De par son titre et la nostalgie gourmande qui l’irrigue, Ralph Fiennes fait ainsi figure de véritable note d’intention : tour à tour provocateur et gardien de l’Étiquette, romantique et fornicateur invétéré, courageux et lâche. Il incarne avec une grâce infinie la vision mélancolique d’une Europe disparue, dont la douce folie et la quête d’honneur seront écrasées par la cupidité et la barbarie industrialisées.
Tout l’humour et la poésie que convoque habituellement le metteur en scène convergent ici jusqu’à une conclusion bouleversante, qui confère aux sourires qui l’ont précédé une dimension tragique implacable (comme dans Wes Anderson, sous ses dehors de fantaisie sucrée, est l’épitaphe d’une culture soldée par ses héritiers. Il est des oraisons funèbres plus émouvantes que les plus suaves déclarations d’amour.
@Zanta
Et non. Comme d’hab, on vous dira petite équipe, priorités, ressources limitées…
Mais vous pouvez aller lire notre critique de son dernier, Première année.
https://ecranlarge.telechargertorrent.org/films/critique/1032504-premiere-annee-critique-sous-calmant
Pas de critique pour « Médecin de Campagne », ce soir sur F2 ?
Le film est sans doute le maillon faible de la trilogie médicale de son réalisateur, mais vaut le coup d’oeil.
Beau, certes mais lent et barbant. J’ai tenu 45 minutes …