Un remake mal né
Un héros d’une moralité à toute épreuve qui tapisse des gencives au kilomètre : sur le papier, le Road House de 1989 constituait un excellent candidat au remake. La croisade de Patrick Swayze contre des soiffards tournait à la guerre ouverte contre un parrain local, assurant une gradation des enjeux : tous les ingrédients étaient réunis pour trousser un film d’action nerveux.
Sauf que la relecture de Doug Liman, écrite par Anthony Bagarozzi et Charles Mondry, a tout du projet précipité pour de mauvaises raisons. Certes, il est dans les tuyaux de longue date et a même semblé se concrétiser en 2015 avec la combattante d’arts martiaux Ronda Rousey. Finalement, c’est Jake Gyllenhaal qui reprend les pectoraux soyeux de Swayze, 35 ans tout pile après l’original… et ce n’est pas un hasard.
En effet, à cette échéance, une disposition légale devait permettre au scénariste du premier Road House, R. Lance Hill, de récupérer les droits. Sa requête est restée lettre morte, et Hill (connu à Hollywood sous le pseudonyme David Lee Henry) a assigné en justice Amazon, qui possède désormais la MGM. Il accuse notamment la plateforme d’avoir recouru à l’intelligence artificielle pour reproduire certaines voix, contournant ainsi la grève des acteurs pour tenter de devancer l’expiration du délai.
Pour couronner le tout, Doug Liman a boycotté l’avant-première, assurant que le studio lui avait promis une sortie au cinéma. Il serait allé jusqu’à démarcher directement Jeff Bezos sur son yacht, avec l’appui du producteur Joel Silver, en vain. Gyllenhaal a dû jouer les pompiers de service en affirmant que le réalisateur avait signé en connaissance de cause, acceptant un budget gonflé en échange d’une exclusivité en streaming. S’il est difficile d’y voir clair, il est certain que le film ne paraît pas dans des conditions idéales.
Un videur incompétent
Bagarre, interlude musical, bagarre : si la nostalgie des eighties contribue peut-être à conforter la sympathie ressentie pour l’original, force est d’ettre qu’il déroulait une boucle narrative imparable. Le remake délaisse cette limpidité au profit d’enjeux sans grand intérêt.
Le scénario sert surtout de prétexte à iconiser Gyllenhaal à peu de frais, sans franchement rendre justice à son personnage : s’il conserve le stoïcisme et la capacité à encaisser du Dalton initial, il troque sa touchante candeur contre un traumatisme si mécanique qu’il est difficile de s’y raccrocher. On hésite parfois à revérifier le titre du film, tant le bar éponyme est sous-exploité au profit d’un littoral ensoleillé affreusement générique.
Certes, les rôles féminins connaissent une modernisation de bon aloi : Dalton est embauché par une tenancière et la bimbo férue de strip-tease impromptu est pudiquement remplacée par des caractères plus piquants, combattifs et attachants. Sauf que les Jessica Williams, Hannah Love Lanier et autres B. K. Cannon sont évacuées dès que les choses sérieuses commencent, et Daniela Melchior hérite du statut de demoiselle à sauver. Tout ça pour ça…
De manière générale, le videur à l’entrée de la salle de montage a dû laisser er n’importe qui. Les scènes sur le yacht des méchants sont toutes à jeter aux crocodiles, à moins qu’il ne s’agisse d’un tacle déguisé à Bezos. Résultat, Road House hérite du ventre mou dont s’est délesté Gyllenhaal pour endosser le rôle.
L’humour ne suffit pas toujours à faire diversion. Les punchlines flegmatiques du héros peuvent fonctionner, mais le film brouille sa tonalité faute d’équilibre : difficile de prendre au sérieux des racailles qu’il faut conduire soi-même à l’hôpital, sans parler de cette improbable blague « Juste Leblanc » qui revient sur le tapis à deux reprises.
La quadrature de l’octogone
Bien entendu, au vu de l’original et de la présence du combattant de MMA Conor McGregor au casting, c’est sur la castagne que Road House est attendu. On s’imaginait déjà l’ambiance enfiévrée et la tension entre de virils éphèbes impatients d’expurger leurs excès de testostérone au corps à corps. Gyllenhaal a pris la masse musculaire nécessaire pour assurer la relève de Swayze, qu’il a d’ailleurs croisé sur Donnie Darko.
Là où le second alternait sans ciller monuments romantiques et action (Road House est intercalé entre Dirty Dancing et Ghost), la carrière du premier connaît une inflexion : Antoine Fuqua, Michael Bay et Guy Ritchie sont ses trois derniers réalisateurs à date, et son comportement lunaire a, dans l’intervalle, torpillé le plus introspectif film français Suddenly, devenu Soudain Seuls. Le problème, c’est que son médiatique antagoniste débarque au bout d’une « bonne » heure pour épauler un premier adversaire terriblement falot (Billy Magnussen). Et pour son tout premier rôle, The Notorious cabotine tel un mouflon sous psychotrope.
Mais ce qui est plus surprenant, et pour tout dire incompréhensible, c’est que le film ne se montre pas plus généreux en bastonnade. Pire, malgré les compétences présumées de McGregor, celles-ci n’ont pas de scènes très folichonnes. Que Liman mise sur l’illusion d’impact plutôt que sur des chorégraphies léchées avait du sens, mais son orgie de plans rapprochés satisfera surtout les fétichistes de comédons. Bien sûr, ça et là, quelques coups brutaux font mouche, quelques éructations d’ours en rut arrachent une petite palpitation régressive.
Reste qu’en combat singulier, cette version serait mise à l’amende par l’original, et par tant d’autres émanations de ces années 80 qu’elle tente d’émuler (Invasion Los Angeles, Commando…) Road House ne respecte même pas les attendus du pugilat de bar : il trahit sa pseudo viscéralité en dopant visiblement certains mouvements aux effets spéciaux. Leur laideur ne dépare pas au sein d’une direction artistique pourvue d’autant de relief qu’un globe terrestre de platiste
Road House est disponible sur Amazon Prime Video depuis le 21 mars
J’ai rarement vu un film aussi nul, et ce n’est même pas drôle, le Dalton de ce film est invincible, cela dit il n’interviens que quand ça lui chante et envoie des jeunes faire son boulot, et il peux même tuer des gens sans être inquiéter parce qu’il est « couvert » et parce qu’il e en mode « berserk » quand il est énervé.
Il emballe la plus belle fille du bled en deux minutes et trois scènes comunes, le scénario pourrais être celui d’un direct to dvd de Seagal..Et les scènes ridicules, le fils à papa insistant pour être rasé à l’extérieur de son voilier avec une mer déchainée.
@Theflasher
Comment pourrais-je me sentir en mal de reconnaissance avec des gens prêts à prendre de leur inestimable temps pour me lire en pleine nuit et partager leur ressenti sur mon style et ma personnalité ! Merci infiniment.
@hugo Flamingo
Merci beaucoup, c’est toujours agréable !
Vu ce week-end, quelle purge infâme !!!
J’arrive pas à croire que c’est le même Doug Liman qui a réalisé ça après nous avoir servi ce bijou qu’est Edge of tomorrow…
Vu, typiquement un programme du samedi soir par temps pluie, pas désagréable à suivre, mais vite oublié.
Comme pour les autres commentaires, l’original est au dessus.
Excellent film
Très drôle et conor increvable à quand un 2 avec batista, brock lesnar et Benoît st Denis en match par équipe mdr
Sympathique mais sans plus. Jake et Conor cabotinent à mort et ya plein de cgi. Un telefilm de fin de soirée sans prise de tête.
Et dire que la bande annonce me donnait envie. Bah c’était plutôt désagréable à voir. La façon de filmer expérimentale de Liman est affreuse, les acteurs sont nul (mais Jake a du é de bonne vacances), le pire c’est les badguys, digne d’un FLIC POUR SAUVER LA REINE.
Quel style ampoulé et démonstratif. Ça sent la jeune plume en mal de reconnaissance. Inable à lire.
J’ai vu la b.a ça ne donne pas envie, Conor McGregor as l’air inable
Gyllenhaal as accepté le rôle pour convaincre qu’il ferais un bon Batman ?